38 % de femmes à l’Assemblée, un gouvernement paritaire… Les Zemmour et consorts qui réfutent la parité sont à bout d’arguments. L’idée a presque fait son chemin. Enfin !
17 ans après le vote – douloureux – de la loi sur la parité en politique, on y est presque ! L’Assemblée nationale compte un tout petit peu moins de 40 % de femmes, un député sortant misogyne est conspué, le gouvernement est paritaire, deux femmes y occupent des postes régaliens. Ce n’est pas encore la parité parfaite, mais on vient de si loin…
Mieux : dans les péroraisons journalistes-experts-élus qui commentent la vie politique, la parité devient un sujet sérieux. Sur les plateaux télé, radio et dans les rédactions, on compte et recompte les femmes et les hommes. Côté « quantitatif », le discours ambiant est au point.
Côté « qualitatif », il reste encore des progrès à faire. Certes, attaquer de façon frontale la parité n’est plus au goût du jour. Ceux qui jadis tenaient le haut du pavé de la chronique politique, fustigeant avec arrogance les femmes en politique, sont fatigués. Ce jeudi matin sur RTL, Eric Zemmour a craché son couplet habituel contre la parité et il n’a récolté que haussements d’épaules.
Restent les attaques en creux. Sur CNews, par exemple, au moment de l’annonce du nouveau gouvernement, Virginie Calmels, première adjointe au maire de Bordeaux, se réjouissait très mollement de voir advenir la parité et reprenait l’antienne de l’incompétence supposée des femmes avec un nonchalant « Ce qui importe, c’est que les personnes soient compétentes ». Sur d’autres plateaux, on n’est pas très loin de ce que Réjane Sénac appelle « l’égalité sous conditions ». Et puis sur le fond, les motivations de nomination ne sont pas paritaires : parmi les nouveaux entrants au gouvernement, les hommes sont plutôt des proches du président placés à des postes stratégiques pour avoir l’œil sur des ministres moins proches (aux Finances par exemple) tandis que les femmes sont plutôt des cumulardes de symboles, nommées pour représenter l’ouverture au centre ou à gauche et l’exigence de féminisation. Clanique d’un côté, diplomatique de l’autre.
Mais les apparences sont sauves, la parité sonne comme une évidence. On en oublierait presque que, pour en arriver là, la bataille a été longue. La parité n’est pas sortie de la cuisse de Jupiter. Il a fallu l’engagement sans faille de militantes et de femmes politiques comme Françoise Gaspard pour faire voter la loi parité, puis de députées qui ont fait étendre ces lois aux collectivités locales. Il a aussi fallu l’action « subversive » de La Barbe dénonçant l’entre-soi masculin dans des assemblées hostiles ou l’action plus sage d’associations comme le Laboratoire de l’égalité ou #JamaisSansElles qui ont fait signer des engagements aux candidats. Et le travail de fond de militantes comme Marlène Schiappa, aujourd’hui secrétaire d’Etat à l’égalité, qui sont allées chercher les femmes pour qu’elles soient candidates aux législatives. Leur engagement est passé de subversif à presque évident. Définitivement ?
Aujourd’hui, un homme politique oserait-il dire ce qu’avait dit Gérard Longuet lors de la toute première action de la Barbe en 2008 ? Se défendant d’être sexiste, il affirmait qu’il avait une femme, une mère, quatre filles et « quand j’ai un chien, c’est une chienne. » Les méandres de l’inconscient ne rendent pas toujours la parité évidente.