Quelques bonnes surprises mais… six réalisatrices seulement en compétition officielle. Le Festival de Cannes n’est toujours pas le « lieu de renversement des mentalités » appelé par la commission sur les violences dans le milieu de la culture.

Interpellé la veille lors de la présentation du rapport sur la violence dans le milieu de la culture, le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, n’a pas annoncé de grand soir féministe pour le monde du 7ème art. Ce jeudi matin, il présentait la sélection de films en compétition pour la palme d’or, lors de la 78ᵉ édition du Festival de Cannes, qui se déroulera du 13 au 25 mai. Et la place des femmes ne s’améliore pas sur la ligne de départ.
Six réalisatrices
Parmi les dix-neuf films annoncés pour le programme de la compétition pour la Palme d’Or, pas encore totalement bouclé, seulement six sont réalisés par des femmes. Il n’y en avait que quatre l’an dernier et six l’année précédente… On est très loin de la parité.
Certes, certaines de ces réalisatrices ont du poids désormais dans l’industrie du cinéma. Julia Ducournau, palme d’or pour Titane en 2021, présente cette année Alpha, avec Golshifteh Farahani, porte-voix du combat des Iraniennes pour les libertés. Hafsia Herzi, qui vient de recevoir le césar de la meilleure actrice (pour Borgo), est en compétition pour La Petite Dernière. L’Espagnole Carla Simón, ours d’or du festival de Berlin 2022 pour Nos soleils, présente Romería. En compétition aussi Sound of Falling la réalisatrice allemade Mascha Schilinski, Renoir, de la Japonaise Chie Hayakawa et The Mastermind, de Kelly Reichardt.
Le collectif 50/50 a fait le tour de l’ensemble des catégories de la sélection officielle et dénombre « seulement 22% de réalisatrices au sein de l’ensemble des catégories représentées, soit 12 femmes sur 55 réalisateur.rice.s sélectionné.e.s) ! »
Une regression ! « En moyenne, depuis 5 ans, les films de réalisatrices représentent 23% des titres choisis en Sélection officielle. En 2023, la part de réalisatrices avait pourtant culminé à 33%. Avec une telle régression cette année, nous sommes encore loin d’atteindre la parité » écrit le collectif qui précise que, pourtant, cette année « 32% des films visionnés par le comité de sélection étaient réalisés par des femmes ».
De bons signaux
Il faut rappeler que c’est cette année une femme qui est présidente du Jury : Juliette Binoche. Et c’est la première fois qu’une femme succède à une autre, Greta Gerwig, dans cette fonction.
De bonnes surprises sont aussi annoncées hors compétition. C’est la Française Amélie Bonnin qui fera l’ouverture du festival avec son premier film, Partir un jour. Le film de Rebecca Zlotowski Vie privée avec Jodie Foster est très attendu. Et Dites-lui que je l’aime de Romane Bohringer sera présenté en séance spéciale. Ce film est inspiré du livre de Clémentine Autain sur sa mère, l’actrice Dominique Laffin. Mais sur cinq films présentés hors compétition, seuls ces deux films sont réalisés par des femmes.
Coups de projecteurs sur les éternels héros de la croisette
Les hommes et les « monstres sacrés » gardent les deux pieds sur le tapis rouge. Tom Cruise montera les marches, le lendemain de l’ouverture du Festival, le 14 mai pour présenter, hors compétition, Mission : Impossible – The Final Reckoning qui sortira une semaine plus tard dans les salles françaises. La star hollywoodienne de 62 ans, qui était arrivée sur la Croisette en hélicoptère pour Top Gun : Maverick, voici trois ans, promet d’attirer tous les projecteurs.
Et une Palme d’honneur a déjà été annoncée pour Robert De Niro qui sera récompensé pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d’ouverture.
Pas sûr que cette 78ème édition sera « le lieu de renversement des mentalités » sur les violences sexuelles dans le cinéma, comme le demandait mercredi Sandrine Rousseau en présentant le rapport sur les violences dans le milieu de la culture.