Chez les hommes des cavernes, les auteurs de peintures étaient en majorité des femmes, affirme une nouvelle étude… contestée.
Longtemps, les archéologues ont interprété les peintures ornant les grottes préhistoriques (qui représentent pour la plupart des animaux : bisons, chevaux, mammouths) comme étant le fait d’hommes. Ils auraient réalisé ces peintures rupestres pour répertorier leurs prises, ou augmenter leur succès à la chasse par des rites magiques.
Non, ces premiers artistes étaient en majorité des femmes, soutient l’archéologue Dean Snow, de l’Université de Pennsylvanie. C’est ce qu’il affirme au terme d’une étude scientifique menée dans huit grottes en France et en Espagne, rapportée par National Geographic.
« Dans la plupart des sociétés primaires, les hommes s’occupaient de tuer les animaux, explique Dean Snow. Mais ce sont souvent les femmes qui transportaient la viande au camp, et elles étaient autant concernées par la productivité de la chasse que les hommes » .
75% de mains de femmes
L’archéologue a mené ses travaux pendant plus de dix ans, à partir du travail d’un biologiste britannique, John Manning, qui avait établi des différences de longueur de doigts entre hommes et femmes de l’époque paléolithique.
Les plus anciens modèles étudiés datent de – 12 000 à – 40 000 ans avant notre ère, et sont situées dans des grottes du sud de la France et du nord de l’Espagne. Dean Snow a analysé plus de cent pochoirs récupérés dans les grottes européennes, mais dont seulement 32 étaient analysables. La moitié de ces empreintes provenaient de la grotte d’El Castillo en Espagne, l’autre des grottes de Gargas et de Pech Merle, toutes deux situées en France.
Et sur les 32 empreintes, 24 se sont révélées être de mains de femmes. Les trois quarts de ces peintures auraient donc été réalisées par des femmes.
Scepticisme
Bien que limitées, ces nouvelles données font l’effet d’une petite bombe pour certains chercheurs. Pour l’archéologue Dave Whitley, « c’est la première fois que quelqu’un synthétise une telle preuve d’évidence ».
Mais d’autres restent sceptiques devant cette nouvelle révélation. C’est le cas du biologiste R. Dale Guthrie, qui réalisa une étude similaire en 2006, et avait avancé pour sa part que les empreintes de mains de ces grottes correspondaient à celles de jeunes adolescents.
L’archéologue Paul Pettit, de l’Université Durham en Grande-Bretagne, préfère calmer les ardeurs en rappelant : « L’étude des traces de mains des grottes est le plus difficile des champs d’analyse de la préhistoire parce qu’elles apparaissent comme étant la plus claire des connections entre nous autres et les gens du Paléolithique. On pense les comprendre, mais plus on les creuse, et plus on réalise combien ce que l’on pensait était superficiel. »
Photo : Cuerva de los Manos, Argentine / Xipe Totec39 sur Flickr