Au moins deux livres et un site pour inverser la tendance. Pour en finir avec la « déclinologie » de ceux qui font l’économie en regardant dans le rétroviseur. Place à l’intelligence créatrice des nouvelles générations.
«Face à tout problème, l’intelligence créatrice des Hommes trouvera une solution », proclament les optimistes. «… Nous sommes certains que le présent et le futur nous appartiennent. Les mouvements qui se dessinent, çà et là dans le monde, témoignent de ce que l’avenir d’un pays ne se réduit jamais au destin qu’on a bien voulu lui assigner. »
Après une avalanche de livres d’économistes « déclinistes », ces quelques mot extraits du nouveau site Tous optimistes, veulent faire entrer l’économie française dans une ère nouvelle. Ce rassemblement d’économistes, jeunes et « old school », est initié par Jean-Hervé Lorenzi. Le président du Cercle des économistes, que ses amis appellent affectueusement « le Michel Drucker de l’économie », ne veut plus entendre parler de « puissance moyenne » pour évoquer la France. Il déroule son programme dans un nouvel ouvrage « Le fabuleux destin d’une puissance intermédiaire » (Grasset) dont le titre est emprunté à Amélie Poulain, « déterminée et convaincue que l’histoire se fait par soi-même. » Selon lui, « quoi qu’il arrive, et même si tout va mal », la France sera au pire la 8e puissance mondiale. Voilà qui relativise la tentation de la déprime !
Il estime que la France a au moins deux atouts : son épargne et sa jeunesse. L’épargne, il devient urgent de l’investir dans des secteurs porteurs. Pour ouvrir l’avenir à la jeunesse, Lorenzi n’hésite pas à prôner la suppression des CDD, la création du contrat de travail unique ou l’assouplissement du code du travail.
Son ouvrage ne ménage pas ces sexagénaires, accrochés à leurs fauteuils de décideurs, qui se repaissent de discours déclinistes dans un suspect culte de l’entre-soi. Ils évitent soigneusement d’ouvrir la porte aux nouvelles générations susceptibles de les mettre face à leurs erreurs… et conduisent le pays à la sclérose.
« Les Trente Glorieuses sont devant nous »
Jean-Hervé Lorenzi n’est pas le seul à envoyer au bain les prophéties des déclinologues. Le succès du livre de deux jeunes économistes françaises, Karine Berger et Valérie Rabault, « Les Trente Glorieuses sont devant nous », (Editions Rue Fromentin) va dans le même sens. Karine Berger est directrice de la stratégie Etude et marketing chez Euler Hermes, et Valérie Rabault, spécialiste des risques de marché chez BNP-Paribas. Toutes deux nées en 1973, au moment du choc pétrolier, elles ont vécu ce que le décliniste Nicolas Baverez avait appelé « Les Trente piteuses ». Elles ne supportent plus d’entendre que tout est fichu et qu’il n’y a plus rien à faire pour relancer l’économie.
Dans leur ouvrage, les deux économistes ont conçu un business plan pour la France à l’horizon 2040 qui préconise notamment un remède de cheval : revenir aux fondamentaux du modèle social français. Il faudrait à la France 90 milliards d’euros d’investissements devant porter sur l’éducation, le logement, l’immigration, mais aussi les transports, l’énergie, la santé. Il s’agit de reconstruire l’équilibre du modèle français, « liberté, égalité, fraternité ».
Dans la déclinaison économique de ce modèle, la liberté, c’est essentiellement celle d’innover et d’entreprendre. Il faut que l’Etat retrouve ce qui a fait sa force : créer les conditions de la liberté d’entreprendre. Mieux accompagner ceux qui innovent et prennent des risques via des partenariats public-privé. L’égalité, selon les auteures, c’est permettre à chacun de bénéficier de la prospérité nationale au prorata de ses efforts. Enfin la fraternité : c’est la relation avec l’autre. Notamment la capacité à attirer des migrants du monde entier à fort potentiel. « Sans immigration, nous courrons au suicide collectif » estiment-elles dans Libération. « Pour retrouver une pyramide des âges équilibrée, il faut passer de 100 000 immigrés par an à 300 000 ».
Encore faut-il croire à nouveau à ce modèle français et se donner les moyens de le reconstruire…
Et si l’optimisme l’emportait en 2012 ?