La FFF a annoncé ce jeudi 9 mars que Corinne Diacre n’était plus à la tête de l’équipe de France féminine de football. Malgré des alertes et rumeurs qui couraient depuis un certain temps, c’est un coup de massue pour celle qui occupait ce poste depuis bientôt six ans et ce, à peine cinq mois avant le début de la Coupe du monde.
Dans un communiqué publié ce jeudi 9 mars 2023, la Fédération Française de Football a fait part de sa décision de « mettre un terme à la mission de Corinne Diacre à la tête de l’Équipe de France féminine ». La FFF avait diligenté un petit groupe de travail, le Comex, composé de quatre personnes. Parmi elles, deux hommes : Jean-Michel Aulas, président de l’OL et Jean-Marc Keller, président de Strasbourg, et deux femmes : Laura Georges, ancienne internationale française et actuelle secrétaire de la FFF et Aline Riera, ancienne joueuse désormais consultante et membre de ce Comité exécutif de la FFF. Deux femmes dont le journal L’Équipe n’a d’ailleurs pas jugé utile de préciser les fonctions, à la différence des deux hommes : « Depuis qu’une mission a été confiée à un petit groupe (le président lyonnais Jean-Michel Aulas, Marc Keller, son homologue de Strasbourg, Aline Riera et Laura Georges) » indique le quotidien sportif.
Ce Comex a mené à bien plusieurs auditions et le résultat de celles-ci ont « permis d’établir le constat d’une fracture très importante avec des joueuses cadres et mis en lumière un décalage avec les exigences du très haut niveau. Cette fracture a atteint un point de non-retour qui nuit aux intérêts de la sélection ». Si la FFF « reconnaît l’implication et le sérieux de Corinne Diacre et son staff dans l’exercice de leur mission, il apparaît que les dysfonctionnements constatés semblent, dans ce contexte, irréversibles ».
La veille de cette décision, Corinne Diacre était sortie du silence à travers un communiqué transmis par son avocat à l’AFP dans lequel elle expliquait faire « l’objet d’une campagne de dénigrement qui stupéfie par sa violence et sa malhonnêteté », cinq mois à peine avant le début de la prochaine Coupe du monde. Elle ajoutait : « Je ne me laisserai pas atteindre par cette opération de déstabilisation, qui ne prend pas en compte mon bilan sportif, et qui a pour seul objectif un règlement de compte personnel ».
Et même si l’éviction de la sélectionneuse n’arrive pas au meilleur des moments, le Comex en a décidé autrement. Moins de cinq mois avant le début de la Coupe du monde en Australie et Nouvelle-Zélande (20 juillet prochain), la FFF doit désormais trouver un·e remplaçant·e à Corinne Diacre. Le communiqué précise que le président par intérim, Philippe Diallo, a demandé à « la commission d’auditionner, dans les plus brefs délais, les candidats au poste de sélectionneur(e) et de lui formuler ses recommandations ».
Le départ de la sélectionneuse n’est pas une grande surprise dans le monde du ballon rond. Un précédent avait déjà éclaté l’an dernier lorsqu’Amandine Henry avait dénoncé certains comportements de la sélectionneuse lors d’un entretien accordé à Canal+. Alors capitaine de l’équipe de France, celle-ci avait notamment déclaré : « Certaines filles n’osent pas parler. Il y a de la crainte » puis « Je les comprends. J’ai 31 ans, je suis capitaine, si je ne parle pas qui va parler ? ». Mais ce qui a réellement marqué le début de la fin de Corinne Diacre à la tête de l’équipe de France féminine, c’est le retrait de certaines de ses joueuses cadres. Le 24 février dernier, Wendie Renard, actuelle capitaine de l’équipe de France annonçait sur son compte Instagram renoncer à porter le maillot bleu lors de la prochaine Coupe du monde : « Je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau. C’est un jour triste mais nécessaire pour préserver ma santé mentale ». D’autres joueuses comme Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto n’ont pas tardé à la soutenir et à emboîter le pas à leur capitaine, soutenues également par d’autres joueuses. L’ancienne gardienne de l’équipe de France, Sarah Bouhaddi, a ainsi affiché sur son compte Twitter un « #TotalSoutien » accompagné d’une photo expliquant elle aussi son retrait, il y a trois ans, de l’équipe nationale.
Cette « mutinerie » a fini de mettre le feu au sein d’une Fédération Française de Football déjà bien empêtrée avec l’affaire Le Graët. (lire : Noel Le Graët démissionne et contre-attaque : un cas d’école). Et malgré l’annonce du départ contraint de Corinne Diacre, la FFF met en garde les joueuses dans son communiqué : « Le Comex a par ailleurs constaté que la manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable dans l’avenir. »
Celui ou celle qui succèdera à Corinne Diacre devra faire face à un gros challenge, celui de reconstruire et ressouder une équipe de France en pleine crise. Et pour cela, il ou elle n’aura que quelques mois avant la prochaine échéance internationale pour laquelle les Bleues attendent toujours de décrocher leur première étoile.