Le drame du viol collectif de New Delhi résonne comme un signal d’alarme pour l’ensemble de la communauté internationale. Pour « mettre un terme à la culture du viol ».
La future loi sur les violences sexuelles en Inde pourrait prendre le nom de l’étudiante de 23 ans décédée deux semaines après avoir subi un viol collectif à New Delhi, le 16 décembre. Ses parents approuvent cette proposition lancée par un ministre. Pour l’heure, le nom de l’étudiante n’a pas été dévoilé. Un groupe d’expert a été mis en place par le gouvernement indien pour étudier une évolution de la législation contre le viol.
Et l’onde de choc que le drame a provoquée en Inde (Lire : Onde de choc en Inde après un viol collectif) a largement dépassé les frontières du pays. Au Népal voisin également, l’affaire a suscité une vague de protestation pour demander aux autorités d’ouvrir les yeux sur les violences faites aux femmes. Quelques semaines plus tôt, le viol d’une jeune femme à l’aéroport de Katmandou avait déjà choqué le pays.
Plus largement encore, le crime de New Delhi résonne comme un signal d’alarme pour l’ensemble de la communauté internationale. Le viol et la mort de la jeune Indienne « est un appel à faire tout ce qui est nécessaire pour éradiquer cette violence absurde dirigée contre les femmes, pour le seul fait qu’elles sont des femmes », écrit la directrice d’ONU Femmes le 1er janvier. « Nous devons travailler encore plus dur pour changer ces préjugés profondément ancrés qui commencent dès la naissance – et même avant », insiste Michelle Bachelet.
« En 2013, mettre un terme à la culture du viol » : c’est également le vœu que fait Lauren Wolfe sur CNN. L’appel de la journaliste engagée se conclut par ces mots : « Comprenons enfin que le viol n’est pas une question qui affecte seulement les femmes. Il affecte les familles, les communautés, les cultures entières. Il n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un système basé sur la discrimination, comme l’était l’esclavage (…) Si c’est un problème que les hommes ont créé, c’est un problème que les hommes peuvent résoudre ».
L’occasion de rappeler une initiative parmi d’autres : « One billion Rising », un appel lancé à l’automne dernier par Eve Ensler (Lire : Danse géante contre les violences). L’auteure de la pièce de théâtre « Les Monologues du Vagin » veut voir le 14 février prochain, partout dans le monde, « un milliard d’indignés » descendre dans la rue et danser contre les violences faites aux femmes. Un appel relayé en France via ce blog.
« La peine capitale n’est pas la réponse » L’horreur suscitée par le viol collectif de New Delhi a engendré, en Inde, de nombreux appels à punir les violeurs par la peine de mort. Mardi 1er janvier, l’État du Tamil Nadu a mis ces appels en pratique en présentant un plan d’action prévoyant notamment la peine capitale ou la castration chimique pour les crimes sexuels à l’encontre des femmes. Mais attention aux réponses expéditives. La peine de mort n’est pas la solution, rappellent les organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International ou Human Rights Watch. Cette dernière insiste sur la nécessité pour l’Inde de revoir l’ensemble des politiques de réponse aux crimes sexuels. La Haute Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’Homme, Navi Pillay, est sur la même longueur d’ondes : « Quelle que soit la gravité des crimes commis, la peine capitale n’est pas la réponse. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une nouvelle prise de conscience de l’opinion publique et d’une meilleure application des lois dans l’intérêt de toutes les femmes. Quant à la castration chimique… ce genre de « solution » fait rire jaune la sexosophe Joselyne Robert : « Faut-il être candide ou de mauvaise foi pour penser que le viol et la violence sont actes de trop-plein de désir ? Pour imaginer que c’est une overdose de libido qui pousse au viol ? Ce qui conduit au viol, c’est le mépris et la rage de soumettre la femme. Rien d’autre. »
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