Le gouvernement indien réfléchit à un projet de loi qui forcerait les maris à fournir une part de leur salaire à leur femme au foyer. L’idée a ouvert un vif débat.
Un mari qui travaille devrait reverser mensuellement un certain pourcentage de son salaire à sa femme au foyer. C’est un projet de loi sur lequel travaille actuellement le gouvernement indien. L’objectif est de donner aux femmes une autonomie économique. « Après le mariage, une majorité de femmes restent au foyer, sans recevoir de salaire pour cela. Cette situation devient une tragédie quand une femme divorce ou devient veuve », explique la ministre des Femmes Krishna Tirath.
Le gouvernement indien travaille dans le même temps à établir une méthode pour calculer le prix du travail domestique. En France, il représenterait au moins 17 % du PIB, notait récemment Delphine Roy, de l’INSEE. Tenir davantage compte de la partie non-marchande de l’économie, c’était l’une des recommandations du rapport Stiglitz. Une recommandation reprise à son compte au printemps 2011 par l’OCDE. En Inde, selon l’organisation économique, les femmes fournissent en moyenne, chaque jour, 4 à 5 heures de travail non payé de plus que les hommes.
« Paternaliste »
Mais le projet du gouvernement divise la société indienne. On retrouve ainsi dans le Times of India (ici en anglais) deux points de vue opposés. Pour une défenseure du projet, le gouvernement fait le bon choix. « Il faut garder en mémoire ce facteur déterminant : le faible statut socio-économique des femmes est directement lié au manque de reconnaissance du travail domestique dans la société ».
Du côté des opposants, on juge dans l’ensemble que l’intention est bonne, mais pas la façon dont le projet serait mis en œuvre : il est absurde que l’État se mêle des transactions financières au sein du foyer, juge le Times of India. Une journaliste économique, Rupa Subramanya, estime elle aussi que l’idée de valoriser le travail domestique est bonne. Mais que le faire en forçant les maris à payer leurs femmes aux foyers ne se justifie pas économiquement. Sans compter qu’elle apparaît « paternaliste ».
Et l’idée met en rage des associations d’hommes, qui ont écrit au ministère pour s’opposer au projet. « Le gouvernement devrait fournir aux femmes plus de possibilités de travailler hors de la maison. Et pas traiter les hommes comme des distributeurs de billets », commente le président de l’une d’elles.
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