Compter, dans les richesses des nations, le travail domestique et familial, le travail bénévole réalisé majoritairement par les femmes et la charge mentale qui va avec. C’est l’objectif de cette journée mondiale… invisible
Le premier mardi du mois d’avril devrait être la journée mondiale du travail invisible -mardi 6 avril cette année. Cette journée est organisée au Québec par l’Afeas (Association féminine d’éducation et d’action sociale) mais, en France, elle n’a pas vraiment d’écho.
Son objectif : faire reconnaître ce travail invisible et lui donner de la valeur. Le travail invisible étant tout le travail non rémunéré effectué au sein de la famille pour assurer son bien-être. Ce qui recouvre beaucoup de choses : les tâches domestiques indispensables pour assurer l’hygiène et la santé de la famille, le travail d’aidant.e pour les personnes dépendantes, le travail non rémunéré du ou de la conjoint.e au sein d’une entreprise familiale, le bénévolat au sein d’organisations qui remplacent des systèmes publics défaillants ou même des stages non rémunérés, qui sont le plus souvent observés dans des secteurs d’activité très féminisés comme la santé, l’éducation, les services, etc… Et bien sûr, invisible entre les invisibles : la lourde charge mentale qui pèse sur la personne qui orchestre tout ce travail.
Les militantes de cette journée du travail invisible veulent le rendre visible pour qu’il compte dans les richesses des nations « C’est une question essentielle en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, explique Lise Courteau, présidente de l’Afeas. C’est encore une majorité de femmes qui effectue les tâches ménagères, prend soin des enfants et des proches et s’implique bénévolement dans les organismes ou l’entreprise familiale ». En outre ce travail invisible empêche celles qui l’assurent de s’investir dans des emplois plus lucratifs ou des engagements associatifs ou politiques.
Depuis les années 70, des féministes comptent : le travail domestique et familial représenterait un tiers à la moitié du PIB selon les pays et les modes de calculs. Le site américain Salary évalue combien devrait gagner une mère au foyer américaine si elle devait être payée pour tout ce travail invisible : taxi, nourrice, femme de ménage, jardinière, psychologue… Elle devrait gagner plus de 12500 euros par mois.
Pendant la pandémie, cette charge s’est considérablement alourdie sans être mieux partagée. Des mères allemandes, qui ont soudain pris en charge l’école habituellement payée par l’Etat, ont fait des calculs en 2020 :
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Puis des féministes françaises ont aussi fait leurs calculs
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Mais malgré l’explosion du travail invisible, malgré de multiples appels, les plans de relance économiques ne le prennent toujours pas en compte.
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Et cette journée du travail invisible est passée inaperçue en France. Peut-être parce qu’elle est organisée avec peu de moyens par des bénévoles dont le travail est invisible.
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