La fédération a demandé aux joueurs de baisser leur rémunération pour augmenter celle des joueuses. Une exception. La règle reste l’inégalité.
« La Fédération irlandaise de football est fière d’annoncer que les joueurs et joueuses représentant les équipes seniors féminines et masculines de la République d’Irlande recevront les mêmes primes de match lors des rencontres internationales, et ce avec effet immédiat, dans le cadre d’un accord révolutionnaire pour le sport irlandais » annonce un communiqué largement repris dans les médias.
EQUAL PAY AGREED 🇮🇪
A historic day for Irish football as the FAI agrees equal pay deal with WNT & MNT squads ahead of their World Cup qualifiers 🤝
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— Ireland Football ⚽️🇮🇪 (@IrelandFootball) August 30, 2021
La capitaine de l’équipe féminine, Katie McCabe, parle d’un « grand jour pour le football irlandais ». Le défenseur d’Everton, Seamus Coleman, se dit « ravi de faire en sorte que nos joueuses internationales soient traitées de manière égale et juste ».
L’Irlande est une exception. Très peu de pays ont pris des engagements dans le même sens : la Norvège, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et le Brésil, se sont déjà publiquement engagés à pratiquer l’égalité de rémunération lors des matchs internationaux. Aux Etats-Unis, l’équipe féminine, double championne du monde, mène une action en justice pour obtenir la même chose. En France, le sujet est parfois évoqué sans avancées concrètes.
Qui est héroïque ?
Mais compte tenu des réactions, l’égalité dans le foot n’est pas pour demain. Si l’« equal pay agreed » irlandais est applaudi en France, c’est avec, parfois, des pointes d’admiration pour l’équipe masculine qui a fait une concession (pas pour l’équipe féminine qui a obtenu justice). Dans les commentaires, les hommes sont davantage présentés comme des héros que comme des privilégiés. Même Katie McCabe a loué le le « courage » de ses homologues masculins. «Seamus Coleman et ses coéquipiers de l’équipe masculine senior méritent également d’être félicités pour avoir été assez courageux pour nous soutenir de manière aussi progressiste sur cette question.» Quel courage ? Renoncer à un privilège serait un acte de courage ?
Il y a encore du chemin à faire dans les têtes des sportifs.ves et du public pour cesser d’accepter l’inacceptable. Comme dans tous les milieux. Au cinéma par exemple : en novembre dernier, Agnès Jaoui revenait sur des croyances stupides. Vers 30 ans, elle était très fière de clamer, à l’étranger, que 20 % des films en France étaient faits par des réalisatrices. Les hommes occupaient la place en signant 80 % des films français mais il était de bon ton de se réjouir des 20 % laissés aux femmes. «Quelle puissante acceptation de mon infériorité m’avait fait me réjouir d’un chiffre aussi minable ?» demandait-elle. Quelle puissante acceptation de l’infériorité des sportives fait penser que les joueurs irlandais sont courageux ? (Lire AGNES JAOUI : « JE CROIS À L’INFLUENCE IMMENSE DES IMAGES»)
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