La page recrutement de la société Levrat est une ode à la virilité poilue. Au risque de tomber dans la discrimination.
Mise à jour : suite aux réactions provoquées par notre article (et celui, à l’origine, du Canard Enchaîné), la société Levrat a fini par retirer de son site internet l’annonce concernée. Elle s’explique ainsi : « Suite à de nombreux courriers, vous avez exprimé votre mécontentement concernant la parution d’un texte qui se voulait drôle au second degré et volontairement provocateur. Beaucoup de lecteurs se sont sentis choqués et blessés. Ainsi, nous voulons nous excuser pour ce texte qui n’avait pas sa place dans nos colonnes. »
Nous écrivions le 4 avril :
C’est un message repéré par le Canard Enchaîné dans son édition du mercredi 3 avril. La société Levrat se présente comme « l’un des principaux distributeurs de produits de fixations, d’outillage et de consommables pour les professionnels de l’industrie, du bâtiment et des collectivités ». Et elle recrute des attachés commerciaux. Mais pas n’importe lesquels ! Le message posté sur la page recrutement de son site internet ne fait pas dans la dentelle. Le voici en intégralité (et en copie d’écran ci-dessous) :
« Ce que la société Levrat recherche, ce sont des hommes, des vraix (sic) ! Pas des rabougris, des minets immatures, des paresseux ni des arrivés, pas des comptables d’heures supplémentaires, pas des complexés, des inhibés, des anxieux, des bilieux dévorés d’inquiétude, des timorés. Pas des surnuméraires, des amateurs ou des bénévoles. Pas des fil-à-la-patte. Pas non plus des velléitaires, des tranches-montagnes, des braves à trois poils, des matamores, des hyperexcités ou des débraillés sympathiques. Pas des jambres (re-sic) molles, des délicats ou des fins de carrière, des soupçonneux ou des désincarnés ou bien encore des télépathes de l’action commerciale… mais des grands, des carrés, des solides, des énergiques, des efficaces, des hommes qui ont de l’estomac, du nerf, du coeur au ventre et du sang dans les veines, des hommes décidés, énergiques, disponibles. Des ogres. »
On l’aura compris, Levrat veut embaucher des durs à cuire pour vendre ses produits. Les femmes sont, de fait, exclues de cette annonce. Ainsi, derrière l’humour de corps de garde, ce message flirte avec la discrimination : le code du travail précise qu’« aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement » en raison, entre autres, de son sexe ou de son apparence physique.
Mise à jour, 5 avril : à signaler, la réaction de la blogueuse Diké, qui publie une lettre de candidature bien sentie.