Après 10 ans de recul, la scolarisation des moins de 3 ans devrait augmenter dans les zones les moins favorisées. Essentiellement un effet d’annonce, pour l’instant, en attendant une réflexion plus globale.
Pour sa première rentrée scolaire, le ministre de l’Éducation nationale veut «encourager » la scolarisation des enfants de moins de 3 ans. En France, « la proportion des enfants de moins de trois ans scolarisés dans les écoles maternelles est passée de 34 % à 12 % en dix ans », rappelle le ministère. Vincent Peillon entend « inverser » cette évolution, sans toutefois préciser quel taux il entend atteindre, et à quel terme.
Selon le ministère, il s’agit avant tout d’une question d’égalité. « Scolariser les enfants avant trois ans, c’est lutter contre les inégalités d’accès à la langue, au langage, à la culture ». Il entend à cette fin favoriser le développement précoce de la scolarité « dans les milieux les plus fragiles, comme certaines zones rurales mais plus particulièrement les quartiers où frappent le chômage et la pauvreté ».
Coût pour les collectivités
Dès cette rentrée 2012, « une partie du recrutement des 1 000 professeurs des écoles supplémentaires » – mais vraisemblablement seulement quelques dizaines – sera consacré à l’accueil des moins de 3 ans.
Cette nouvelle tendance, toutefois, risque d’avoir surtout un coût pour les collectivités locales. Revenir au taux de 34% de scolarisation, comme en 2000, « impliquerait d’accueillir 198 000 enfants supplémentaires à l’école, à démographie inchangée », calculait en juillet l’économiste de l’OFCE Hélène Périvier. Le prix de l’investissement, essentiellement à la charge des communes, approcherait alors le milliard d’euros annuel sur 10 ans.
Consultation
Plusieurs organismes, comme l’OCDE, le Haut Conseil de la Famille ou encore le Conseil économique, social et environnemental, ont déploré ces dernières années la baisse de la scolarisation des plus petits en France. Toutefois un autre rapport, établi par l’Inspection générale de l’Éducation nationale et récemment dévoilé par Vincent Peillon, note que l’accueil des moins de 3 ans à l’école pose de nombreuses questions, qui imposent de « réfléchir de manière non cloisonnée, interministérielle et avec les élus locaux ». Le document souligne, plus généralement, la nécessité de revoir le statut « ambigu » de la maternelle.
Cette approche est intégrée dans la consultation sur la refondation de l’école publique lancée par le ministère et qui doit aboutir en octobre. Parmi ses nombreuses thématiques figurent « les modalités de l’accueil des enfants de moins de trois ans » et « la spécificité de l’école maternelle dont la fonction ne doit pas se limiter à anticiper les enseignements du cours préparatoire ».
Photo : Vincent Peillon lors de la conférence de presse de rentrée le 29 août 2012