Dans l’élection présidentielle aux États-Unis, le vote des femmes n’a pas significativement évolué par rapport aux deux précédents scrutins. En revanche les hommes ont davantage voté pour le candidat républicain.
Le choc de l’élection de Donald Trump n’en finit pas de susciter commentaires et analyses. Parmi ces dernières, celle d’un vaste sondage réalisé pour CNN à la sortie des urnes1. On y observe entre autres que les femmes blanches ont voté en majorité, à 53%, pour Donald Trump. Dans le Huffington Post, Sarah Ruiz-Grossman dit sa « honte » à l’égard de ces femmes blanches que le sexisme du candidat républicain n’a pas dérangées. Sur Slate.com, L.V. Anderson déplore « l’hypocrisie » et le racisme qui ont guidé leur vote.
Mais c’est oublier que cette situation n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs élections présidentielles, les femmes blanches votent en majorité pour le candidat du Parti républicain. Elles étaient plus nombreuses encore, 56%, à voter pour Mitt Romney contre Barack Obama en 2012.
Globalement, le vote des femmes en 2016 n’a pas été significativement différent des deux dernières présidentielles. En 2016, les femmes ont voté Clinton à 54% et Trump à 42%, un écart signifcatif de 12 points. Il était de 11 points entre Obama et Romney en 2012 (55% contre 44%) et de 13 points entre Obama et McCain en 2008.
En 2008 Obama avait la majorité des votes masculins
Hillary Clinton n’a donc pas réussi à faire jouer la « carte femme » pour attirer les électrices. Et ces dernières n’ont pas été rebutées outre mesure par la misogynie exacerbée du candidat républicain. Mais alors, c’est surtout le vote des hommes qui a fait la différence.
Ils ont donné l’avantage à Donald Trump avec le même écart de 12 points, 53% pour Trump, contre 41% pour Clinton (rappelons que si la candidate démocrate s’est inclinée en raison du système de grands électeurs par État, elle a remporté le vote populaire, obtenant la majorité des voix au plan national). En 2008 et 2012, Obama l’avait emporté car l’écart était bien plus faible dans l’électorat masculin.
En 2012, l’avantage en faveur de Romney chez les hommes n’était que de 7 points. En 2008, Obama avait même obtenu la majorité des votes masculins. Plus que le vote des « femmes blanches », c’est donc bien l’évolution de celui des hommes – qu’ils soient blancs, noirs ou latinos – en faveur de Trump qui s’est avéré significatif.
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1/ Un tel sondage reste évidemment sujet à caution. Et la présente analyse est forcément partielle dans la mesure où elle ne s’attarde que sur les genre des personnes interrogées.