Une table ronde animée par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a permis d’aboutir à la proposition de publier un nouveau décret pour rendre effectives les sanctions contre les entreprises ne concluant pas d’accords sur l’égalité professionnelle.
Il n’a pas échappé aux syndicats et à l’Observatoire de la parité que le décret d’application de la loi sur les retraites de juillet 2011 est rédigé de telle sorte qu’il est facile pour les entreprises d’échapper aux sanctions. Najat Vallaud-Belkacem veut réécrire ce décret « très rapidement » pour une mise en place début 2013.
Mais les lois ne suffisent pas (ndlr : six lois sur l’égalité professionnelle depuis 1972, et des écarts de salaire de 27 % ! ) Il a donc été proposé, à l’issue de la table ronde, l’organisation d’expérimentations visant à « accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de la loi ». La ministre a annoncé qu’ une négociation spécifique sera ouverte le 21 septembre sur « la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle »
Les trois P : plafond, paroi, plancher,
Une négociation qui devra s’attaquer aux « trois P » qui conduisent à l’inégalité professionnelle: « P comme plafond de verre : les femmes n’arrivent pas à accéder aux hautes responsabilités comme il le faudrait », « P comme paroi de verre: les femmes sont souvent cantonnées dans un certain nombre de secteurs d’activité » et « P comme plancher scotchant, parce que beaucoup de femmes, du fait du temps partiel, n’ont pas la progression de carrière qui devrait être la leur » a affirmé la ministre à l’AFP.
Le congé parental (un peu) en question
La question de l’articulation des temps de la vie privée et de la vie professionnelle a aussi été abordée. Et en particulier le congé parental pour lequel une réforme élaborée en 2009 n’a jamais abouti.
Le congé parental est au cœur des politiques d’égalité professionnelles : si l’Etat incite les hommes à en bénéficier autant que les femmes, les employeurs auront moins de préjugés négatifs envers les femmes. Qu’ils embauchent des hommes ou des femmes, ils seront confrontés au « problème. » Aujourd’hui, dans 98 % des cas, ce sont les femmes qui prennent ce congé parental.
Pour l’instant, la ministre envisage pour les femmes de dispenser « des formations à la fin de ce congé », et considère qu’il appartiendra aux partenaires sociaux de « discuter du plus juste partage entre hommes et femmes de ces congés familiaux ».
L’éternel blocage au partage du congé parental entre hommes et femmes est son coût. En augmenter la rémunération pour le rendre incitatif pour les hommes n’est pas neutre. Aujourd’hui, ce congé se résume souvent à un « choix contraint » pour les femmes qui préfèrent renoncer à leur emploi plutôt que de payer un mode de garde… lequel est souvent très difficile à trouver. En dépit des calculs montrant que le travail des femmes est bon pour l’amélioration des comptes sociaux et en raison d’une faible mobilisation des partenaires sociaux sur le sujet, la question du congé parental fait du sur-place.
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