Un bar strasbourgeois organise une soirée « Red Light District », des associations féministes dénoncent une banalisation de la prostitution. Le président de l’Office du Tourisme de Strasbourg, partenaire de l’évènement, défend « une soirée décalée qui n’a rien de subversif ».
« La prostitution est une violence, pas un thème de soirée ! » Plusieurs associations féministes appellent au boycott du bar strasbourgeois Mémé dans les orties. En cause, la tenue d’une soirée thématique « Mémé fait sa chaude » le soir du 13 février, à la veille de la Saint-Valentin. Une soirée dans le cadre du Off de l’opération Strasbourg mon amour, organisée par l’Office du Tourisme de la ville.
« Nous ne gérons pas directement les ‘off’ proposée par les privés », se défend le président de l’Office du Tourisme, Jean-Jacques Gsell, contacté par Les Nouvelles NEWS. « Le principe des « off » est de ne pas intervenir sur le contenu artistique et de permettre à chaque établissement de jouer sur les codes de la manifestation », insiste-t-il.
Le bar « Mémé dans les orties » a donc le champ libre. « L’amour se décline en rouge, se met en vitrine : ambiances électriques, tentures lourdes et danseuses à gogo », annonce le programme de la soirée, sur le site officiel de Strasbourg mon amour, qui évoque un « tour de passe-passe » chez ‘Mémé dans les orties’ ». Pas sûr que l’utilisation du mot « passe » soit anodine.
Et si la référence n’était pas encore claire, l’affiche de la soirée balaie tout doute et revendique le thème « Red Light District », nom du célèbre « quartier rouge » à Amsterdam, le quartier de la prostitution. Un thème considéré comme une banalisation de la prostitution par Osez le féminisme 67 et six autres organisations féministes locales. « Cette soirée contribue à promouvoir une image faussée de la prostitution : libre, glamour, épanouissante (…) Le milieu de la prostitution se caractérise par la violence de manière générale, exacerbée à travers les maisons closes et vitrines, que les personnes ayant connu la prostitution comparent elles-mêmes aux vitrines de boucheries ».
« C’est une soirée décalée qui n’a rien de subversif »
Une vision de la soirée que ne partage pas le président de l’Office du Tourisme : « Le public est invité à s’habiller à la mode ‘vintage porno chic’, tous les serveurs mâles de l’établissement étant déguisés en chippendale soubrettes avec bas résilles et porte-jarretelles, pour donner un semblant d’ambiance décadente à l’ensemble. On est donc loin dans cette soirée du mythe de la femme-objet même si, en effet, l’image de femmes court vêtues dans les vitrines peut choquer certains… mais c’est le but, aussi ! Interpeller un public qu’on considère capable de prendre un minimum de recul… ».
Pour Jean-Jacques Gsell le public est un public averti : « Les quelques centaines de personnes qui vont vraisemblablement être présentes au cours de la soirée seront en grande majorité des gens plutôt cultivés, qui viennent justement avec beaucoup de second degré pour s’amuser ensemble », précise-t-il.
C’est une « soirée décalée qui n’a rien de subversif », estime le président de l’Office du Toursime qui tient à s’excuser si « le titre provocateur de la soirée » a « choqué certain(e)s ». « Ce n’est évidemment nullement la volonté des organisateurs ». La programmation de Strasbourg mon amour est d’ailleurs décrite sur le site officiel comme « tout à la fois poétique, culturelle, glamour… et un zeste décalée ! ».
L’an dernier, déjà, une première soirée « Mémé fait sa chaude », dans le même contexte de partenariat avec la ville, avait fait polémique. Le bar n’en est donc pas à son coup d’essai. Le propriétaire, Franck Meunier avait pourtant assuré « avoir entendu les critiques » et « envisagé de reconsidérer la tenue de cette soirée », rapporte Osez le féminisme ! qui affirme l’avoir rencontré à cette occasion. Cette année les associations féministes ne se limiteront pas à un rappel à l’ordre. Outre l’appel au boycott elles ont lancé deux hashtags sur Twitter : #MeunierTuDors, du nom du propriétaire du bar, et #MéméFaitSonProxo.
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