Deux organismes, deux chiffres très différents sur la part des victimes de l’exploitation sexuelle dans le trafic d’êtres humains. Une chose est sûre : le chiffre de 79% avancé par le gouvernement est erroné.
Quelle est la part des victimes de l’exploitation sexuelle dans le trafic d’êtres humains ? Difficile de répondre à cette question. 59% selon l’ONU, 21,5% d’après l’OIT. Les chiffres sont tout sauf objectifs.
Dans la présentation de son plan de lutte (Voir : Contre la traite des êtres humains, 23 mesures à concrétiser), le gouvernement avance le chiffre de 79%, en invoquant les données de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
79%, un chiffre clairement erroné – et exagéré. Il correspond aux données de l’ONUDC relatives à 2006. Mais selon les données les plus récentes, publiées en décembre 2012, la part des victimes d’exploitation sexuelle a baissé, tout en restant majoritaire, à 58%. La part du travail forcé a doublé, passant de 18 à 36%.
Surestimation ?
Reste encore à relativiser ces chiffres, car ils résultent d’un nombre limité de cas (environ 10 000), et dans un nombre limité de pays. C’est aussi que le travail forcé devient plus visible car de mieux en mieux combattu. Et l’ONDUC le reconnaît : les données officielles des Etats sur lesquels elle base son rapport « surestiment sans doute l’exploitation sexuelle ».
Méthodologie différente, et résultats opposés, pour l’Organisation internationale du travail, qui fait de l’exploitation sexuelle une composante du travail forcé – lequel ne recoupe pas forcément la traite. Pour l’OIT, elle concerne 4,5 millions de personnes dans le monde, soit 21,5% des victimes ; tandis que 70% subissent un travail forcé « dans des activités économiques ».
55% ou 76% de femmes et de filles ?
Les deux organismes sont d’accord sur un point : la part d’enfants parmi les personnes soumises au travail forcé : 27% (17% de filles et 10% de garçons) pour l’ONUDC, 26% selon l’OIT.
D’accord également sur le fait que « les femmes représentent une écrasante majorité des victimes d’exploitation sexuelle ».
Mais comme pour l’ONUDC la prévalence de l’exploitation sexuelle est plus forte, l’organisme onusien et l’OIT diffèrent sur le sexe des personnes exploitées. Pour l’OIT, ce sont des femmes et des filles confondues pour 55%, et à 76% pour l’ONUDC – qui admet que la part des femmes concernées, dans les chiffres qu’il avance, est « sans doute surestimée ».