Ancien candidat de télé-réalité reconverti dans le porno, « l’influenceur » AD Laurent a vu son compte TikTok mis au ban. Les raisons ? « L’atmosphère sexiste » de son contenu. Il sera auditionné le 10 juin par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.

Certains le connaissent pour sa participation à de nombreuses émissions de télé-réalité depuis 2016. Adrien Laurent, alias AD Laurent, s’est reconverti : depuis quelques années, il mène une activité d’influenceur sur TikTok et crée du contenu pornographique. Entre contenu hard et minimisation des violences envers les femmes, l’influenceur est régulièrement pointé du doigt. Le 15 mai, la ministre chargée de l’Égalité, Aurore Bergé, inquiète de l’impact de ce contenu sur les mineur.e.s, de plus en plus nombreux.euses à le suivre, a annoncé la suppression du compte TikTok d’AD Laurent.
De la télé-réalité à la pornographie
Longtemps restée dans une zone grise, l’activité des influenceurs est désormais dans le viseur des politiques qui s’inquiètent de ce manque de réglementation. Dans le cas d’AD Laurent, « il y a un sujet » estime le député PS du Calvados Arthur Delaporte, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs, créée le 13 mars 2025.
Dans les émissions de télé-réalité, le jeune homme cultivait déjà cette image de mâle alpha viril et baraqué. En 2020, sa « carrière » prend un nouveau tournant. Pendant le confinement, l’influenceur lance le « AD show », des vidéos diffusées en direct sur Instagram dans lesquelles il invite ses abonnés à montrer leur talent. Dans les faits, les participants sont en très grande majorité des femmes. Devant AD Laurent et les milliers d’internautes connectés sur ces lives, elles «twerkent » et font des strip-teases pendant que l’influenceur commente, grogne et aboie. Désormais très populaire sur TikTok, AD Laurent cumule 1,8 millions d’abonnés.
Malgré ce succès, son compte est régulièrement signalé. Mais aucune remise en cause ou prise de conscience ne semble émerger chez l’influenceur. La preuve : en 2023, il diffuse une séquence porno. Sa partenaire révèle que ce rapport « hard » lui a provoqué une déchirure vaginale, suivie d’une hémorragie nécessitant d’être amenée à l’hôpital. La réaction de l’influenceur : « Je lui ai fait gagner 60 000 euros à cette petite princesse. Bon, après je l’ai envoyée à l’hôpital mais ça, c’est un accident de travail, ça arrive », avait-il alors déclaré. Écœurant.
En mars 2024, une plainte pour viol aggravé est déposée contre lui. La plaignante, restée anonyme, dénonce deux viols « particulièrement sauvages » lorsqu’elle était âgée de 22 ans. Les faits remonteraient à 2018, lors d’un voyage en Australie. Pour le moment, Adrien Laurent n’a pas été jugé et reste présumé innocent.
Une commission d’enquête pour en finir avec le « business du sexisme » sur TikTok
Dans une lettre adressée au président de TikTok, publiée le 14 mai 2025, Aurore Bergé déplorait qu’une « vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement » soit véhiculée dans les vidéos de l’influenceur. Un avis partagé par la députée Ensemble pour la République Laure Miller, rapporteuse de la commission TikTok, citée par Le Parisien : « Il a une attitude très dégradante vis-à-vis des femmes, de soumission sexuelle. On ne sait pas non plus quel âge ont celles qui sont dans ces lives. ». Suite à la fermeture de son compte TikTok, Adrien Laurent va être auditionné par cette commission d’enquête. Il a été convoqué le 10 juin, comme l’a révélé Arthur Delaporte au journal Le Parisien. Ce dernier s’inquiète de « l’atmosphère sexiste et des normes très stéréotypées qu’il véhicule auprès des jeunes ».
Après que son compte TikTok a été mis au ban, AD Laurent réagit dans un communiqué, publié ce dimanche sur Instagram. « J’ai été réduit au silence sans aucune explication, se victimise t-il, avant d’ajouter : Je regrette que la censure et l’absence de dialogue aient empêché une discussion constructive sur des sujets importants pour la jeunesse ». Sans vergogne, il ose même soutenir qu’il a « toujours revendiqué l’égalité des femmes et des hommes à disposer librement de leur sexualité. (…) J’ai toujours pris soin de rappeler l’importance du respect et du consentement dans les relations intimes. Je ne suis ni masculiniste, ni misogyne, ni sexiste ». Avec cette décision de supprimer son compte et d’auditionner l’influenceur, le député Arthur Delaporte souhaite déterminer si Adrien Laurent a « conscience que certaines attitudes peuvent tomber sous le coup de la loi comme l’outrage sexiste ? ». Le député ajoute : « On veut aussi comprendre son business du sexisme. Le problème, c’est plus votre contenu est problématique, plus il est regardé, plus son créateur gagne de l’argent ! ». Face aux violences envers les femmes et une apologie de la domination masculine, le réseau social est sommé d’agir.
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