Du 31 octobre au 10 novembre, l’association En Avant Toute(s) organise une deuxième édition du Musée National du Patriarcat à Paris. Rencontre avec la marraine de l’événement, la journaliste Chloé Thibaud.

Imaginer une société libérée de la domination masculine. C’est l’expérience proposée par l’association En Avant Toute(s) qui a créé le musée (fictif) national du patriarcat. Le but ? Sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles. Sur deux week-ends, du 31 octobre au 10 novembre, à La Rotonde à Paris, l’association fait les choses en grand pour mettre à mâle le patriarcat : un stream de 48h rassemblant plus de 30 streameuses, du stand-up avec des humoristes engagé.e.s, des drag shows ainsi que des enregistrements de podcasts. Un événement qui rassemble artistes et militant.e.s pour remettre de la joie au cœur de la lutte.
Lire : En avant toute(s)… au musée national du patriarcat
Cinq questions à la journaliste Chloé Thibaud, marraine de l’événement aux côtés des créatrices de contenu et militantes féministes Melissa Amneris et Zoé Espitallier.
En tant que marraine de l’événement, qu’est-ce qu’un musée national du patriarcat vous évoque ?
Chloé Thibaud – Je suis honorée d’être marraine du Musée national du patriarcat pour la deuxième fois car c’est un projet que je trouve très inventif et intelligent. L’idée que le patriarcat appartienne désormais au passé me fait évidemment rêver. J’espère qu’un jour prochain la réalité rejoindra cette fiction inventée par En avant toutes, mais le chemin semble encore très long… D’où l’importance d’être toujours plus nombreuses et nombreux à se mobiliser !
Quelle relique aimeriez-vous y voir exposée ?
CT – Le musée expose déjà un vase contenant des larmes de ouin-ouin, ma pièce préférée ! Moi j’aimerais qu’on y enferme des bocaux de crachats masculins. Cela fait partie des choses que j’observe presque quotidiennement et que je ne supporte pas : le fait que les hommes se sentent autorisés à cracher par terre, partout. Ça peut paraître anodin pour certaines personnes, mais selon moi ça traduit vraiment le non-respect des hommes pour les personnes qui les entourent, et surtout leur capacité à se sentir libres de faire tout ce qu’ils veulent sans être punis !
Une société libérée du patriarcat, ça se traduirait avant tout dans les relations amoureuses, avec la fin des violences conjugales (physiques, psychologiques, économiques…) ?
CT – Malheureusement, les violences faites aux femmes et aux enfants ne diminuent pas. Une société égalitaire, libérée du sexisme et de tant d’autres discriminations – le racisme, l’homophobie, la transphobie, le classisme, le validisme – serait une société dans laquelle les relations amoureuses seraient plus saines.
Cet événement est aussi l’occasion de mettre en avant les créatrices de contenu sur Internet. En tant que journaliste féministe, vous prenez régulièrement la parole sur les réseaux sociaux. Quelle est votre expérience ?
CT – Être une femme sur internet, c’est d’emblée synonyme de risques : le risque d’être insultée, corrigée, sexualisée, menacée, harcelée… Être une femme, féministe, dont le métier est de prendre la parole sur les sujets d’égalité femmes-hommes, relève parfois du masochisme. Durant l’année qui vient de passer, j’ai subi plusieurs “bad buzz“, plusieurs périodes de harcèlement en ligne, et j’ai parfois eu du mal à faire face, à ne pas perdre ma motivation. Heureusement que mes consoeurs journalistes, autrices ou créatrices de contenus étaient là pour me donner de la force. Il est tellement important que nous continuions à occuper ces espaces… Nous ne devons pas laisser le champ libre aux masculinistes, aux racistes, aux fascistes. Alors, quand certaines d’entre nous fatiguent, il est bon de savoir qu’il y en a d’autres qui ont la capacité de prendre le relai.
Quelle place la joie tient-elle dans la lutte féministe ?
CT – Nous accorder des moments de joie, les cultiver, est indispensable à notre santé mentale et à notre survie. Le monde qui nous entoure ne nous facilite pas la tâche, c’est le moins qu’on puisse dire… Se sentir joyeuse peut même être une source de culpabilité quand on est témoin des atrocités, des guerres, des génocides qui ont actuellement lieu sur la planète. J’espère malgré tout que les visiteurs et visiteuses du Musée sauront sourire voire rire le temps de quelques heures !
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