Les engagements de réduction de gaz à effet de serre des deux principaux pollueurs de la planète sont encore insuffisants, mais encourageants en vue du sommet de Paris sur le climat en décembre 2015.
L’accord entre la Chine et les Etats-Unis pour la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) est « un pas ferme et positif », salue la responsable de l’ONU sur le climat, Christina Figueres. Il offre « une opportunité inédite à la communauté internationale d’arriver à conclure un accord significatif et universel en 2015 », renchérit le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon,
Mercredi 12 novembre, les présidents des deux pays ont annoncé leurs objectifs en vue du sommet de Paris sur le climat – COP 21 – en décembre 2015.
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Les Etats-Unis prévoient une réduction de 26 à 28% de leurs émissions en 2025 par rapport à 2005 (le précédent objectif, inscrit en 2009 au sommet de Copenhague, était de 17% en 2020).
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la Chine vise un pic de ses émissions de CO2 en 2030 au plus tard et prévoit une part de 20% de production d’énergie « non-fossile » à cette date.
Cet accord est jugé par beaucoup d’observateurs comme « historique », un mot qu’emploie le communiqué de la Maison Blanche. Il l’est peut-être d’un point de vue politique, mais pas d’un point de vue climatique, tempère le Réseau Action Climat (RAC), qui regroupe de nombreuses ONG.
Très important politiquement, car avec cet engagement, « l’argumentaire ‘tant que la Chine ne fait rien, moi je ne fais rien’ (qui caractérisent les postures de nombreuses classes politiques au Canada, Russie, Australie et le Congrès républicain aux Etats-Unis) ne fonctionne plus », note le RAC
Même son de cloche d’ailleurs chez Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères, qui présidera la COP 21, juge également que « cette décision, même si elle reste limitée, devrait inciter tous les pays à s’engager concrètement contre le dérèglement climatique. »
Ambitions à conforter
Mais les engagements des Etats-Unis et de la Chine, qui représentent à eux deux près de la moitié des émissions de GES de la planète, restent en effet « limités ». Et largement insuffisants pour espérer maîtriser le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Pour rester sous ce plafond, les experts du GIEC estiment que la réduction mondiale des émissions de GES doit être en 2050 de 70 % par rapport à leur niveau de 2010. Pour que la conférence de Paris soit un succès, il faudra que leurs objectifs y soient encore renforcés.
Ce qui ne sera pas évident côté américain. Les républicains qui viennent d’obtenir la majorité au Congrès ont aussitôt sorti l’artillerie lourde contre cet accord. Ils estiment qu’il favorise la Chine et menace l’économie américaine.
Côté chinois, respecter cet accord va nécessiter une révolution énergétique. Un des objectifs fixés par Pékin – une part de 20% d’énergies renouvelables en 2030 – signifie qu’en 15 ans la Chine va devoir se doter de moyens de production d’énergie « propre » (ce qui inclut le nucléaire…) correspondant à ce que produisent aujourd’hui l’ensemble de ses centrales à charbon. Ou encore à l’ensemble de la production électrique des Etats-Unis.
Comme le résume James Fallows dans The Atlantic, « ce nouvel accord ne signifie pas que les négociations sur le climat, l’an prochain à Paris, seront un succès. Mais il signifie qu’elles ne seront pas forcément un échec ».
Photo : Lagon glaciaire de Jökulsárlón, Islande, 28 juin 2013 – UN Photo/Eskinder Debebe