Le Haut comité d’évaluation de la commission militaire consacre son rapport annuel 2013 à la place des femmes dans l’armée. Si les résultats sont plutôt positifs, il reste de gros progrès à faire en matière d’égalité professionnelle.
Bon point pour la France en matière d’égalité: ses forces armées sont les plus féminisées des nations occidentales. Mauvais point pour l’ensemble de ces pays : ce record s’élève seulement à 15% – contre 9,7% pour le Royaume-Uni ou 9,1% pour l’Allemagne.
C’est ce que constate le rapport 2013 du Haut comité d’évaluation de la commission militaire, qui s’intéresse à une thématique en particulier : « Les femmes dans les forces armées françaises : de l’égalité juridique à l’égalité professionnelle ». Mais derrière ce chiffre, la répartition est loin d’être homogène. Si elles sont présentes dans « la quasi-totalité des métiers » de la Défense, elles sont bien plus nombreuses dans la filière « administration-gestion » (40,3% des femmes) que dans les filières « santé » (14,9%), « électronique-informatique » (14,8%) ou « combat » (seulement 10,5%). D’ailleurs, en 2012, seuls 6,7% des militaires féminins ont participé à une opération extérieure ou à un embarquement de la marine nationale.
L’éternel problème de la « conciliation »
Les femmes représentent seulement 13,25% des officiers, entre autres parce qu’elles passent peu les concours internes. On peut supposer un manque de sentiment de légitimité, mécanisme classique du plafond de verre. Françoise Gaudin, haut fonctionnaire à l’égalité des droits pour le ministère de la Défense, explique cette disparité par la difficulté à « concilier vie professionnelle, vie familiale et préparation des examens ».
Une fois en poste les femmes officiers restent aussi moins longtemps : « en moyenne, [elles] quittent l’institution après 12,5 ans, contre 23,5 pour les hommes », déplore Françoise Gaudin. Pour remédier à ces problèmes, le rapport préconise de mener une étude genrée sur ces départs et de créer un label « environnement familial » pour les unités faisant des efforts sur ce plan. Des aménagements qui, par ailleurs, pourraient aussi bénéficier aux pères. Histoire de ne pas faire porter que par les femmes cette fameuse « conciliation »…
Attirer les femmes… sans faire peur aux hommes
Le Haut comité propose également des solutions pour attirer les femmes dans les métiers de la Défense : l’idée principale est de rendre visibles celles qui y sont déjà, par exemple lors de la JDC (journée défense et citoyenneté, à laquelle participent tous les jeunes autour de 17 ans) ou dans les centres de recrutement. Il préconise également l’embauche de plus de cadres féminines dans les écoles d’officiers.
Aucune révolution n’est toutefois à craindre (ni à espérer) : le rapport précise que « la parité, au sens strict et mathématique du terme, entre hommes et femmes, ne peut pas constituer un objectif applicable dans l’institution militaire ». Quant à Françoise Gaudin, elle se veut rassurante : « Je suis pour l’équité, mais je ne suis pas pour une discrimination positive qui favoriserait les femmes en les imposant au détriment de la reconnaissance de leurs compétences réelles. […] Ce n’est pas une compétition avec les hommes. »