Le débat parlementaire sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe est ouvert à Londres. Dans une ambiance plus policée qu’à Paris, mais tendue malgré tout. Principal point de tension outre-Manche : la place de l’Église.
Après plus de 4 heures de discussions, la Chambre des Communes, équivalent britannique de l’Assemblée nationale française, a donné son accord, mardi 5 février, à l’examen du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. 400 parlementaires ont voté pour, 175 contre.
Le texte proposé par le gouvernement conservateur de David Cameron est appuyé par une confortable majorité, dans la mesure où il est soutenu par l’opposition parlementaire. Mais l’opposition d’une bonne partie du parti Conservateur (une courte majorité de ses élus à la Chambre a d’ailleurs voté contre le texte) avait conduit trois ministres à se fendre d’une tribune dans la presse, avant l’examen du projet de loi, pour soutenir à nouveau le mariage homosexuel.
« Le partenariat civil pour les couples homosexuels était un grand pas en avant, mais la question est désormais de savoir s’il est toujours acceptable d’exclure des personnes du mariage simplement parce qu’elles aiment quelqu’un du même sexe », écrivent William Hague, George Osborne et Teresa May. « C’est la bonne chose à faire, au bon moment ».
Enfants, polygamie… et surtout Église
Le projet de loi britannique n’est pas aussi polémique que le texte français : il ne concerne que la question du mariage. Pas de débat autour des enfants, comme c’est le cas en France – l’adoption par les couples homosexuels et la PMA sont déjà autorisées outre-Manche. Seule une poignée de parlementaires à la Chambre des Communes ont lié mariage et procréation lors du débat. Quelques autres, comme certains parlementaires français, ont osé déclarer qu’ouvrir le mariage aux couples de même sexe ouvrait la porte à la légalisation de la polygamie.
Mais le principal point de tension est ailleurs : le texte ouvre le mariage civil aux couples de même sexe, mais il permet également aux organisations religieuses qui le souhaitent de célébrer des mariages homosexuels. C’est cette question du mariage religieux qui a provoqué le plus de tensions, mardi. Les opposants au texte réclamant la garantie que les Églises ne seraient pas obligées, un jour, de marier des couples homosexuels si elles ne le souhaitent pas.
L’accord donné ce mardi par la Chambre des Communes, s’il témoigne d’une majorité en faveur du texte, n’est que le début de la procédure parlementaire : il ouvre la voie au dépôt des amendements. Et devra être approuvé par la Chambre des Lords, une étape moins évidente.