Entrée en vigueur en août dernier, la loi belge contre le sexisme dans l’espace public n’a occasionné que très peu de plaintes, observe la RTBF.
Un an après son adoption, la loi contre le sexisme de rue en Belgique « n’a que très peu d’effet ». C’est ce que constate la RTBF, radio-télévision belge francophone. Dans la ville de Charleroi, aucune plainte n’a été déposée. A Bruxelles, 85 plaintes en un an, 30 dossiers traités, pour 19 amendes. « Des chiffres dérisoires pour une commune de 180 000 habitants », juge la RTBF.
La loi « tendant à lutter contre le sexisme dans l’espace public », adoptée le 4 avril 2014, et entrée en vigueur le 3 août, punit tout comportement dégradant à l’égard d’une personne en raison de son sexe. La frontière restant difficile à déterminer. Le fait de prendre une femme en filature dans la rue, ou de l’insulter, rentre dans le cadre de la loi, mais pas la drague lourde ou les sifflements. Et c’est à la personne portant plainte d’apporter la charge de la preuve (Voir : La loi anti-sexisme adoptée par les députés belges).
« Le sexisme reste très banalisé dans la société », commente pour la RTBF la secrétaire générale adjointe de l’association Vie Féminine. Les femmes « se disent qu’entamer toutes ces procédures pour si peu, cela ne vaut peut-être pas la peine ».
En France, le débat sur le harcèlement dans l’espace public a été relancé la semaine dernière, avec le rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun.
Voir : Violences sexuelles dans les transports : le signal d’alarme
et : Sophie de Menthon plaide le harcèlement « sympa »
« Hé », l’appli piège de Stop Harcèlement de Rue
Du 12 au 18 avril se déroulait aussi la « semaine contre le harcèlement de rue ». Dans ce cadre, l’agence CETC et l’association Stop Harcèlement de Rue ont conçu une application bien particulière. Elle s’appelle « Hé » (à télécharger gratuitement ici) et ressemble de prime abord à une version française de l’appli à succès « Yo », qui permet des interactions simples avec ses contacts.
Mais il s’agit en fait d’une « appli piège » : un utilisateur inconnu vient s’incruster dans votre liste d’amis, vous recevez d’abord des « He? ! » innocents, puis des interactions de plus en plus répétitives et agressives. La seule solution pour que ça s’arrête ? Supprimer l’utilisateur qui vous harcèle. C’est alors que le message de Stop Harcèlement de Rue apparaît : « Si vous pouvez vous échapper aujourd’hui, pour beaucoup, le harcèlement de rue c’est tous les jours », avec un lien vers le site de Stop Harcèlement de Rue. Explication en vidéo :