L’association de lutte pour l’égalité et la fin des violences sexistes et sexuelles En avant toute(s) a lancé sa nouvelle campagne afin de parler aux ados.
C’est parfois un angle mort de la lutte contre les violences conjugales : les jeunes femmes et les adolescentes sont sur-représentées parmi les victimes, mais souvent sous-représentées dans les campagnes de sensibilisation et de prévention. Selon l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (ENVEFF), les violences conjugales concernent une jeune sur sept, pour une femme sur dix tous âges confondus.
Pour cette campagne, l’association En avant toute(s) a choisi de sensibiliser aux violences faites aux jeunes femmes. Le film met en scène l’actrice Tracy Gotoas, plongée dans une histoire d’amour en apparence passionnée. Cependant, les SMS de son copain révèlent progressivement une relation marquée par la violence et l’emprise, envahissant son quotidien… Jusqu’à sa rencontre avec l’association, et son tchat en ligne.
Des campagnes qui ressemblent aux jeunes
Pour Ynaée Benaben, directrice et cofondatrice de l’association En avant toute(s), il est essentiel d’avoir des campagnes de sensibilisation qui parlent aux jeunes, et qui les représentent : « On sait aujourd’hui que les jeunes femmes ont énormément de mal à se retrouver dans les représentations de femmes victimes de violences conjugales. Avoir des campagnes qui leur ressemblent, c’est essentiel afin qu’elles puissent s’y identifier pour endiguer le phénomène qui concerne encore 1 jeune de moins de 25 ans sur 7 ».
Ce mini-film, co-écrit avec Morgane Ortin, autrice derrière le compte Instagram AmoursSolitaires, se couple d’une campagne sur les réseaux sociaux. Il montre que les messages envoyés à la jeune fille pourraient être perçus comme de l’amour… Mais ils sont en réalité violents. L’auteur de ces messages cheche à isoler et à posséder la jeune fille.
“Avec la pop culture, les jeunes sont imprégné.es de l’idée que l’amour doit être une passion folle, presque destructrice. Ce film dénonce la romantisation de ces mécanismes, notamment de la jalousie qu’ils vont considérer comme une preuve d’amour. Il est vital de leur transmettre ce message“ ajoute Ynaée Banaben.
Le film appelle également à faire des dons à l’association de lutte contre les violences au sein du couple : « En effet, si il est primordial d’encourager la libération de la parole pour les personnes victimes de violences, cela ne peut aller sans soutien aux structures qui les écoutent et les accompagnent, comme le fait En avant toute(s) via son tchat Commentonsaime.fr » a indiqué l’association.
Une collecte de dons pour une association au dispositif numérique, proche des jeunes
C’est parce qu’un jeune sur sept est victime de violence qu’En avant toute(s) agit auprès des jeunes depuis 2013. A la suite d’une étude de terrain, les fondatrices ont réalisé que les structures destinées aux femmes victimes de violences étaient trop peu nombreuses ou surchargées. De plus, pour l’association, il y avait aussi un enjeu de sensibilisation et de prévention auprès des jeunes, qui ne peuvent pas toujours réaliser vivre des violences lors de leurs premières relations adolescentes.
L’association mène à la fois des actions de prévention des comportements sexistes et violents en intervenant auprès des jeunes et des professionnel.les de la jeunesse, et accompagne les personnes victimes de violences grâce à un dispositif national d’accompagnement numérique, le tchat Commentonsaime.fr. Sous la forme d’un site façon blog (enrichi d’articles sur les questions des adolescent.es), les utilisateurs et utilisatrices peuvent entrer en contact via messagerie avec des écoutant.es formé.es sur les questions de violence, de façon anonyme et gratuite. Depuis 2016, l’association En avant toute(s) a accompagné et écouté plus de 10 000 personnes.
Le lancement de cette campagne a pour objectif de sensibiliser certes, mais également d’inviter à l’engagement de chacun.e dans la lutte pour la fin des violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+. L’association entend aussi faire connaître son dispositif d’écoute par tchat, assez inédit en France en matière de lutte contre les violences, et adapté pour un public jeune.