La sortie ce 18 septembre du très beau « Portrait de la jeune fille en feu » est l’occasion de brosser le portrait de sa réalisatrice.
Céline Sciamma a déboulé dans le cinéma français en 2007 avec un film au titre énigmatique : « Naissance des pieuvres » était (déjà) un portrait d’Adèle Haenel, collégienne championne de natation synchronisée, qui tombait les garçons sous le regard d’une autre jeune fille timide. Naissaient alors à la fois une actrice et une réalisatrice. Depuis, toutes deux ont fait leur chemin, ensemble dans la vie (on se souvient de la déclaration d’amour à Céline d’Adèle, recevant son César de la meilleure actrice dans un second rôle en 2014). Elles se sont ensuite retrouvées artistiquement avec ce Portrait de la jeune fille en feu, à nouveau regard d’une femme sur une autre et véritable cadeau de la réalisatrice à sa muse.
Céline Sciamma a été formée au scénario à la Fémis : on le sait peu mais le scénario du film d’animation sensible sur les orphelins, « Ma vie de Courgette », c’était elle. Lesbienne militante, fan de football, la réalisatrice est aussi l’une des fondatrices de l’association Baston et courtoisie, qui « vise principalement à favoriser et organiser toutes activités sportives et/ou conviviales autour du football féminin ; et a également pour ambition de promouvoir la place des femmes et de la communauté LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel et Trans) dans le sport ». Elles ne manquent pas d’humour quand il s’agit de nommer leur tournoi amateur la « coupe Bernard Tapine ».
C’est également une femme qui pèse dans le cinéma français : elle a été très présente à la SRF (Société des Réalisateurs de Films) qu’elle a coprésidé pendant quatre ans. Elle fait évidemment partie du collectif 50/50 pour 2020 qui promeut la place des femmes dans le cinéma et l’audiovisuel. Elle a monté les marches de Cannes en 2018 avec 82 femmes du cinéma, puis un an plus tard, plus discrètement, a été une des initiatrices d’une tribune réunissant 500 cinéastes pour appeler à voter aux élections européennes…
Ses choix de réalisation ont tous un aspect politique qui nourrit l’artistique : « Tom Boy » mettait en scène une petite fille qui se faisait passer pour un garçon, « Bande de filles » offrait la lumière à des jeunes filles noires des banlieues, peu regardées par le cinéma français. Et plus généralement, Céline Sciamma soulève frontalement la question peu développée en France mais très présente aux Etats-Unis du « female gaze ». Ce regard féminin qui s’oppose au «male gaze » dominant avec lequel le cinéma mondial a grandi.
Courez donc découvrir Portrait de la jeune fille en feu dont voici la critique. Présenté à Cannes en mai dernier, le film en est reparti avec les éloges de la majorité des critiques, les moqueries de certains autres -minoritaires – . Le jury cannois a été séduit et lui a offert le prix du scénario. Bande annonce :