Un jeu vidéo épique centré sur une héroïne, même pas sexualisée ? C’est possible. Et son créateur le revendique.
Remarquable succès d’estime pour le jeu vidéo Child of Light, lancé par Ubisoft Montréal. La presse est louangeuse à l’instar de 20 Minutes pour qui le jeu « scintille par sa poésie, sa simplicité et son monde enchanteur ». Et si le jeu se distingue, c’est aussi par le choix de mettre en avant une héroïne en action. Un choix revendiqué par ses concepteurs, à l’heure où le sexisme dans les jeux vidéo et chez les gamers est régulièrement critiqué (Voir : Le livre noir du sexisme geek et aussi : GTA 5, fascinant et misogyne).
A rebours des clichés
Dans Le Figaro, son créateur Patrick Plourde s’explique : « Je ne voulais pas qu’on soit dans le cliché de la princesse qui attend que son prince arrive et règle tous les problèmes. » Un vrai discours féministe qu’il développe aussi pour le site canadien La Presse : il s’agissait d’ « oublier les conventions du prince charmant. Il y a de nombreuses jeunes filles qui ont de la difficulté à vivre en couple parce qu’elles l’attendent toujours. Le pouvoir des histoires est très important, quand on y pense. ».
Aurait-il lu Le Complexe de Cendrillon, ce livre de Colette Dowling qui montre comment l’éducation différenciée des filles et des garçons conduit les unes à la passivité et les autres à l’action ?
« Si on joue une fille, je touche pas à ton jeu »
Pour autant, créer et imposer l’héroïne de Child of Light, Aurora, n’était pas si évident : « Les dessinateurs dans le jeu vidéo sont habitués à créer des personnages féminins sexy, et ils voulaient donc mettre une grosse poitrine à Aurora. Je leur ai dit non ! ».
Et Patrick Plourde de poursuivre : « Certains développeurs m’accostaient en me disant “si on joue une fille, je touche pas à ton jeu”. Mais pour moi, ça n’avait pas de sens de faire cette histoire avec un garçon. Les récits de petits garçons qui partent avec leur épée et deviennent des hommes puissants, ça fait des centaines d’années qu’on raconte ça… Mettre une fille en héroïne donne un angle neuf et plus intéressant selon moi. »
Voir le « trailer de lancement » :
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