Interdite, l’exploitation des huiles et gaz de schiste en France ? Pas si sûr. Une mission officielle invite à relancer des expérimentations. Le débat est lui aussi relancé. Et se poursuit ailleurs en Europe.
Après une vague de contestation au début de l’année 2011, la France légiférait en juillet sur les gaz et huiles de schiste, ces hydrocarbures « non conventionnels ». Les parlementaires votaient l’interdiction de la fracturation hydraulique, la seule méthode d’exploitation existante aujourd’hui, et néfaste pour l’environnement (voir l’application décrivant la méthode, développée par owni).
Interdiction ? Pas complètement. Car la loi laissait la porte ouverte à des « expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public ». Publié jeudi 22 mars, le rapport final de la mission d’inspection sur « les hydrocarbures de roche mère en France », lancée dès février 2011, ouvre la voie à ces expérimentations. Elle préconise un « programme d’acquisition de connaissances » qui passe par de nouveaux forages. Ceux-ci pourraient rapidement commencer dans le bassin parisien, détaille Actu-Environnement.com.
Le Lot-et-Garonne prend les devants
La veille, des responsables associatifs s’inquiétaient dans une tribune publiée par Le Monde : « depuis l’abrogation en octobre dernier des trois permis emblématiques de gaz de schiste, les industriels du pétrole et du gaz essaient de reprendre la main (..) Objectif ? Rendre les gaz de schiste acceptables auprès de l’opinion publique. »
L’opposition reprend aussi sur le terrain. Le 21 mars également, une mission d’information et d’évaluation sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, créée par le conseil général, se mettait au travail dans le Lot-et-Garonne. « Les techniques pour extraire et exploiter ce gaz nous préoccupent: la moitié du département est concernée par la demande de permis », explique à l’AFP un membre de cette mission d’information. Dans la région voisine, Midi-Pyrénées, le préfet vient de recevoir deux demandes de permis d’exploration.
De la Pologne à la Chine
Si le débat est relancé en France, il va bon train dans d’autres pays d’Europe. Malgré les controverses et les manifestations, la Roumanie « mise sur le gaz de schiste », observe l’AFP. C’est aussi le cas de la Pologne… même si dans le pays le gaz de schiste pourrait ne pas être l’Eldorado annoncé : selon les dernières études, les réserves dans le sous-sol polonais seraient « 7 à 15 fois moins importantes que ce qui avait été estimé », rapporte PressEurop.eu.
Hors d’Europe, la Chine se lance officiellement dans l’exploration et la production de gaz de schiste. Le groupe Shell vient tout juste de signer le premier accord dans ce sens. Le contrat concerne une vaste région du bassin du Sichuan. « Une région à très forte densité de population », remarque l’AFP.
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Image : Rassemblement à Vallon Pont d’Arc (Ardèche) le 20 décembre 2011 © Olivier Sébart. http://www.stopaugazdeschiste07.org/