Rencontre fortuite de deux femmes autour d’une grossesse cachée, « Adam » traite avec délicatesse de l’universel sujet de la maternité. Juste et émouvant.
La Médina de Casablanca est un quartier labyrinthique qui cache bien des secrets. Celui de Samia est abrité dans l’appartement qui jouxte un magasin de pâtisseries marocaines : Samia est enceinte. Abandonnée par le père de son enfant qui lui avait promis le mariage, elle a quitté son village pour trouver du travail et a été recueillie par Abla et sa fille de huit ans, Warda : trop heureuse de voir quelqu’un rompre enfin la tristesse de leur vie.
« Adam » n’est pas un film social de plus sur la difficile condition de fille-mère, c’est surtout le portrait de deux femmes qui vont en quelques semaines se rapprocher et s’entraider. Car la vie d’Abla, veuve qui ne sourit jamais – jouée par l’immense Lubna Azabal – a aussi besoin d’une grande bouffée d’air.
La caméra de la réalisatrice suit cette amitié en huis clos entre l’appartement et les quatre murs de la petite pâtisserie : une seule fenêtre ouvre sur le monde extérieur, bordée d’un rideau de fer que l’on tire le soir. A l’intérieur, les scènes entre les deux femmes sont comme des tableaux de Vermeer animés de couleurs plus chaudes. Entre les mains de Samia, la confection des pâtisseries devient un art sensuel. L’appartement est moins une prison qu’un refuge, ouvert par une terrasse sur le toit d’où Abla contemple la ville, où Samia peut jouer et rire avec la petite fille Warda. Nommée ainsi parce que sa mère adorait la chanteuse du même nom, cette petite fille est le double de la réalisatrice : spectatrice de la cruauté du destin de mère célibataire dans son pays, elle découvre surtout la solidarité et la bienveillance entre femmes qui permet de dépasser les épreuves.
Adam de Maryam Touzani (France-Maroc, 1h38)
Avec Lubna Azabal, Nisrin Erradi, Douae Belkhaouda
Produit par Ali N’Productions, Les Films du nouveau monde, Artemis Productions, distribué par Ad Vitam
En salle le 4 février