Une image et un acte qui en disent long. Donald Trump coupe les financements aux ONG à l’international qui fournissent des informations sur l’IVG. Dans les faits, c’est l’accès à la contraception dans les pays les plus pauvres qui en pâtira.
C’est l’un des premiers actes du nouveau président des États-Unis, et une image abondamment commentée. Lundi 23 janvier, Donald Trump a signé un décret réinstaurant la « Global Gag Rule ». Désormais, les États-Unis ne financeront plus la moindre organisation qui favorise, de près ou de loin, l’accès à l’avortement.
Sur la forme, l’image est frappante. C’est uniquement en compagnie d’hommes que Donald Trump a entériné cette décision concernant les droits des femmes.
« Ce groupe vient de rendre plus difficile pour les femmes l’accès aux soins de santé dans le monde. Dites-moi ce qui cloche dans cette image », commentait la sénatrice démocrate de Californie Kamala Harris.
This group just made it more difficult for women to get access to health care worldwide. You tell me what's wrong with this picture. pic.twitter.com/8UQFWg8qO3
— Kamala Harris (@KamalaHarris) January 23, 2017
« De votre vivant, vous ne verrez jamais la photo de 7 femmes signant une législation sur ce que les hommes peuvent faire de leurs organes reproducteurs », grinçait le journaliste britannique Martin Belam.
https://twitter.com/MartinBelam/status/823637000783798272
Sur le fond, cette décision n’a rien d’étonnant. La Global Gag Rule a été instaurée par Ronald Reagan en 1984 et entérinée par tous les présidents républicains depuis lors. Barack Obama l’avait abolie dès le début de son premier mandat il y a 8 ans, Donald Trump la réinstaure. Cette mesure vient en complément d’une loi fédérale déjà existante, l’amendement Helms, qui interdit le financement de toute ONG permettant la pratique de l’IVG. La Global Gag Rule va plus loin en s’appliquant aux ONG qui se contentent de fournir des informations sur l’IVG.
Tout organisme qui conseille les femmes sur leurs droits reproductifs est donc potentiellement concerné, ce qui risque de réduire l’accès à la contraception et à l’information sur le planning familial dans les pays où travaillent ces ONG.
« L’idéologie au détriment des femmes »
Cette décision a suscité une levée de boucliers. La Fondation des Nations Unies, qui fait le lien entre l’ONU et la société civile, l’a condamnée par la voix de sa présidente Cathy Calvin : le Global Gag Rule « met en danger la santé et le bien-être des femmes les plus vulnérables dans le monde ».
« En réinstaurant le Global Gag Rule, le président Trump ignore des décennies de recherches, préférant privilégier l’idéologie au détriment des femmes et des familles », a commenté la sénatrice démocrate du New Hampshire Jeanne Shaheen . « Nous savons que quand les services de planning familial et les contraceptifs sont faciles d’accès, il y a moins de grossesse non désirées, de morts maternelles, et d’avortements. » Jeanne Shaheen doit déposer, dès mardi 24 janvier, une proposition de loi pour que la décision ne puisse plus être prise par décret présidentiel, mais par le législateur.
En 2016, grâce aux engagements internationaux, l’accès aux méthodes de planning familial pour l’ensemble des 300 millions de femmes et de filles, dans 69 des pays les plus pauvres du monde, a permis d’éviter 82 millions de grossesses non désirées, 25 millions d’avortements à risque et 124 000 morts maternelles.
Voir : Dans le monde, l’accès à la contraception avance à petits pas
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