Des géants du net s’engagent auprès de la Commission européenne à traiter en moins de 24 heures les contenus haineux illégaux. Mais la haine sexiste n’est pas concernée.
Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft s’engagent à aller plus loin contre la diffusion en ligne de discours de haine en Europe. La Commission européenne annonce, mardi 31 mai, la signature avec ces quatre géants des technologies de l’information d’un code de conduite face aux discours haineux illégaux.
Les entreprises s’engagent notamment à faire en sorte « d’examiner la majorité des signalements valides en moins de 24 heures et, s’il y a lieu, de retirer les contenus visés ou d’en bloquer l’accès. » Elles devront aussi améliorer leur coopération avec les organisations de la société civile et se proposent « d’accélérer et d’améliorer la communication avec les autorités des États membres, notamment en ce qui concerne les signalements et le blocage de l’accès à des discours haineux illégaux en ligne ou le retrait de ceux-ci. »
Reste que les contenus ici évoqués ne représentent qu’une partie des discours de haine. En l’occurence, ceux faisant référence « à la race, la couleur, la religion, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique ». Une liste définie par une décision-cadre européenne de 2014 sur la criminalisation du racisme et de la xénophobie.
Dès lors, les contenus haineux à caractère sexiste, par exemple, ne sont pas visés par ce code de conduite. Même si la Commissaire européenne qui a supervisé cet accord, Vera Jourova est, en plus de la justice et des consommateurs, chargée de l’égalité des genres.
En 2013, sous la pression d’associations, Twitter et Facebook avaient amélioré leur processus de signalement des contenus sexistes (Voir : Twitter réagit enfin aux menaces de viol). Mais, début 2016 encore, une association dénonçait le « laxisme » de la modération des contenus de Twitter, accusant le réseau social d’être « complice de la culture du viol qui incite à la haine et humilie les victimes » (Voir : Une campagne contre le cyber-sexisme cible Twitter).
En France, la loi sur l’économie numérique du 21 juin 2004 impose aux hébergeurs de traiter les contenus haineux et racistes. La loi pour l’égalité réelle du 4 août 2014 y a ajouté – avec difficulté – les contenus sexistes.
Une obligation que Twitter, YouTube et Facebook ne respectent pas, dénonçaient récemment des associations. Le 15 mai, l’UEJF et SOS Racisme annonçaient avoir porté plainte contre les trois entreprises après avoir mené un testing concluant qu’elles ne traitaient qu’une minorité des contenus « racistes, antisémites, négationnistes, homophobes, faisant l’apologie du terrorisme ou de crimes contre l’humanité. » Mais les contenus sexistes restaient, là aussi, en dehors des radars.
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