
Rassemblement d’anciennes « Femmes de réconfort » devant l’ambassade du Japon à Séoul, août 2011. Par Claire Solery – Licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
Séoul et Tokyo ont conclu un accord sur la reconnaissance et l’indemnisation des « femmes de réconfort », ces esclaves sexuelles de l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale. Accord historique… mais insuffisant selon certaines victimes.
La Corée du Sud et le Japon, 70 ans après, semblent enfin prêts à tourner la page des « femmes de réconfort » – euphémisme pour désigner les esclaves sexuelles de guerre.
Les ministres des Affaires étrangères japonais, Fumio Kishida, et sud-coréen, Yun Byung-se, ont annoncé être parvenus à un accord, lundi 28 décembre, à Séoul. Selon des historiens, jusqu’à 200 000 femmes – essentiellement Coréennes, mais aussi Chinoises et Philippines notamment – ont été contraintes à se prostituer dans des « bordels de campagne » pour les soldats japonais durant la deuxième guerre mondiale.
Dans le cadre de cet accord, le gouvernement japonais s’est engagé à verser 1 milliard de yens (environ 8 millions d’euros) à un fonds pour les anciennes « femmes de réconfort » géré par le gouvernement sud-coréen. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s’est aussi excusé personnellement auprès de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye.
« La question des femmes de réconfort est un problème dans lequel beaucoup de femmes sous l’autorité militaire de l’époque ont subi une grande atteinte à leur honneur et à leur dignité, et de ce point de vue, le gouvernement japonais se sent grandement responsable », a pour sa part déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida lors d’une conférence de presse à Séoul.
En 1993, le Japon avait présenté des excuses officielles – la « Déclaration Kono » – tout en refusant de reconnaître une responsabilité directe de l’Etat dans la mise en place d’un système de prostitution forcée de guerre.
Dans le cadre de l’accord la Corée du Sud, de son côté, va considérer la demande de Tokyo d’enlever la statue de bronze, représentant une petite fille et une chaise vide, érigée en 2011 devant l’embassade du Japon à Séoul, qui symbolise ce système d’esclavage sexuel.
Mais pour une partie des victimes, les termes de cet accord sont insuffisants car ils excluent le principe d’une « responsabilité légale » du Japon, note l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. Aujourd’hui, seules 46 esclaves sexuelles de la seconde guerre mondiale sont encore en vie. Elles sont plus de 200 – dont la majorité désormais représentées par leurs descendant.e.s – à avoir intenté une action en justice contre le Japon. « Ce que nous demandions est une indemnisation légale », souligne l’une d’elles, Lee Yong-soo, 88 ans. Leur avocat estime que le Japon devrait payer au moins 10 milliards de yens, dix fois plus que ce que prévoit l’accord.
Mise à jour : dans un communiqué, le Conseil Coréen qui regroupe les victimes d’eclavage sexuel de guerre rejette fermement les termes de l’accord.
Les demandes de reconnaissance et de réparations, qui empoisonnent depuis des décennies les relations entre le Japon et la Corée, ont régulièrement suscité des réactions internationales hostiles à Tokyo. A l’été 2014, avant de quitter ses fonctions, Navi Pillay, Haut-Commissaire aux droits de l’homme à l’ONU, exprimait son « profond regret » que « le Japon ne puisse résoudre de façon impartiale, définitive et complète » la question des esclaves sexuelles de guerre.
Lire aussi sur Les Nouvelles NEWS :
Fin de la polémique sur les « femmes de réconfort » ?