Depuis dix ans, le milieu du cinéma français fait de petits progrès en matière de parité assure une nouvelle étude du CNC.

On savait déjà que les femmes étaient minoritaires dans les postes clés du cinéma notamment à la réalisation et la direction de la photo. La première étude du
Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) sur le sujet en 2014 l’avait amplement montré, suivie par de plus récentes statistiques genrées de l’association de professionnelles 50/50 pour 2020 (disponibles ici). Disposer de chiffres dans ce domaine depuis quelques années permet de mesurer les progrès et de comparer notre situation avec celle d’autres pays européens. Une nouvelle étude sur la place des femmes dans ce secteur note quelques avancées.
La diffusion de films de réalisatrices dans les salles
La France est bonne élève : un film français sur cinq sorti en salle sur la période 2012/2016 était réalisé par une femme. Soit un score de 20% (oui seulement 20%) quand sur la même période l’Allemagne est à 15 %, l’Espagne à 8 %, la Grande Bretagne et l’Italie à 6%. Si les films réalisés par des femmes demeurent moins nombreux sur les écrans de cinéma c’est que les femmes réalisatrices sont elles-mêmes moins nombreuses. Petit mieux en 2017, année où 23 % des films sortis en salle en France étaient signés par une réalisatrice. Et même 26% en comptant les 3% de films dits mixtes (coréalisation homme/femme). Ça progresse donc, puisque la proportion était de 18% en 2008.
Percée des réalisatrices
En France, en dix ans, le nombre de films réalisés par des femmes a augmenté de 63% (en parallèle, la hausse a été de 15% pour les hommes, cf illustration). Cela correspond à 81 films en 2017. Cependant, les femmes réalisatrices disposent encore de budgets moins élevés pour faire leurs films. Selon le CNC, toujours en 2017, le budget moyen d’une réalisatrice pour son film était de 3,47 millions d’euros contre 5,51 millions d’euros pour un réalisateur. Ici encore, l’écart sur dix ans diminue, puisqu’en 2008, il était du simple au double : 3,32 millions de devis moyen pour une femme contre 7,25 millions pour un film signé par un homme. L’autre évolution notable de ces dernières années concerne l’avance sur recettes (soutien financier du CNC à certains films) : 38% des aides ont été attribuées en 2017 à des projets réalisés ou co-réalisés par des femmes, contre 28% en 2016. Il faut dire que la parité est maintenant atteinte pour les membres des commissions d’attribution des aides au CNC.
La nouvelle génération
Les premiers films de femmes représentaient un quart des premiers films produits en 2008 et un tiers en 2017. Là encore, (petit) progrès. Mais ce premier film terminé, beaucoup de réalisatrices avaient du mal à passer le pas du deuxième, emportées par leur vie de famille ou moins considérées. Le CNC s’est donc penché sur la proportion des troisièmes films et suivants : les œuvres de réalisatrices représentent 39% de ces films produits en 2017, contre 28% en 2008. Celles qui ont réussi à percer dans la profession arrivent donc à consolider leur place. C’est une vraie nouveauté.
Intéressant aussi pour l’avenir, la place des femmes au sein
des étudiants en cinéma et audiovisuel. Elles sont un peu moins présentes (44%)
que dans l’enseignement supérieur en général (55%). Elles choisissent davantage
les universités de cinéma (51,4%) que les BTS (40%). Sans surprise, selon une
enquête auprès de 836 étudiants sortant de formations cinéma et audiovisuel
conduite entre novembre 2017 et janvier
2018, les jeunes hommes sont majoritaires dans les spécialisations techniques
(postproduction, son). Mais la proportion d’étudiantes qui choisissent l’image
(directeur/trice de la photo) est aujourd’hui la même que celle des étudiants
(13%). Et surtout, les filles se spécialisent nettement dans le domaine de la
production (32,6%). Davantage que les garçons (18%). Le producteur est celui
porte le projet aux côtés du réalisateur, qui tient les cordons de la bourse.
Elles ont compris que l’argent était le nerf de la guerre, surtout dans le
cinéma !