Alors que certain·e·s s’attendaient à une lourde baisse de popularité pour l’équipe de France féminine après plusieurs déceptions en compétition internationale, les Bleues font mentir ces mauvais présages en ce début d’Euro 2025 avec une part d’audience de 20,9 % selon Médiamétrie : la meilleure de la soirée.

Le week-end dernier, les Françaises enflammaient le Stade du Letzigrund à Zurich en l’emportant 2-1 contre les Anglaises, tenantes du titre, dans le cadre de l’Euro 2025. Et puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les Bleues ont réalisé un autre exploit en réunissant plus de 2,8 millions de téléspectateur·ice·s pour ce premier match de poule. Ce n’est certes pas un record pour les Françaises, comme le rappelle l’Équipe, mais ces chiffres laissent entrevoir la hausse de popularité que connaissent les compétitions sportives féminines.
Après des années de lutte pour la reconnaissance, une lueur d’espoir
En 2023, la Coupe du monde féminine de football n’avait pas semblé séduire les diffuseurs européens : les droits de diffusion fixés par la FIFA, « trop gourmande » selon la ministre des Sports de l’époque Amélie Oudéa-Castéra, étaient excessifs selon eux (lire : La Coupe du monde féminine de football invisible en France ?). Cette année, le championnat d’Europe féminin de football est plus largement diffusé, notamment par TF1 et Canal+ en France.
Dans certains pays, l’Euro féminin bénéficie même d’une reconnaissance réglementaire : considéré comme « intérêt général » au même titre que, par exemple, les Jeux olympiques, les diffuseurs qui en acquièrent les droits doivent le proposer gratuitement sur leur chaîne principale. C’est par exemple le cas au Royaume-Uni et en Allemagne. En août 2024, l’Union européenne de radio-télévision (UER) annonçait également la signature d’un accord « historique » avec l’UEFA, permettant d’« acquérir les droits médiatiques complets de l’EURO féminin de l’UEFA 2025, couvrant 34 territoires pour le compte de 37 membres de l’UER ».
En Suisse, pays hôte de la compétition, les footballeuses sont célébrées dans les stades, à la télévision, mais aussi dans l’espace public. La Nati a en effet réuni 34 063 spectateur·ice·s au Parc Saint-Jacques de Bâle, ainsi qu’une audience moyenne de 176 000 personnes sur la Radiotélévision suisse (RTS), lors de son match contre la Norvège mercredi dernier. Cette visibilité pour les footballeuses en Suisse est d’autant plus favorisée que la ville de Bâle a fait remplacer les traditionnels « bonhommes verts » des feux de signalisation pour piétons par des joueuses prêtes à tirer…
Des progrès restent à faire…
Les professionnelles du football sont désormais plus médiatisées et plus considérées, comme le montre la poursuite du « protocole maman » mis en place en 2023 et permettant aux joueuses (et aux membres du staff) d’amener leurs enfants avec elles en compétition jusqu’à leurs trois ans.
Cependant, les chiffres de cette médiatisation restent à relativiser dès lorsqu’ils sont comparés à ceux des équipes masculines. Pour leur dernier match de la Coupe du monde des clubs (CMC), compétition tout de même « secondaire » pour de nombreux·euses fans, le PSG a réuni 3,8 millions de téléspectateur·ice·s. L’Équipe rappelle également que lors des phases de groupes de la Coupe du monde 2023, les Bleues étaient en moyenne suivies par près de 3,9 millions de personnes, soit 32,9 % de part d’audience.
Relativiser ne veut néanmoins pas dire perdre espoir. Une étude de Nielsen Sports en partenariat avec PepsiCo, intitulée « Undervalued to Unstoppable » (littéralement, « de sous-évaluées à inarrêtables »), démontre que « Le football féminin devrait entrer dans le top 5 des sports mondiaux d’ici 2030 avec plus de 800 millions de fans ». Une opportunité commerciale considérable selon le rapport, ce qui pourrait motiver certain·e·s à investir dans le sport féminin…