La « drague importune » dans l’espace public touche 15% des Françaises, et 5% subissent « des situations de harcèlement et d’atteintes sexuels », selon la dernière étude de l’Ined.
Une femme sur quatre en France déclare avoir subi au moins une forme de violence dans l’espace public au cours de l’année écoulée. Et pour 8% des femmes, il s’agissait d’un fait grave. C’est ce que dévoile une analyse menée par l’Ined, l’institut national des études démographiques, à partir des données de l’enquête Virage (Violences et rapports de genre).
« Les femmes, en particulier les plus jeunes vivant dans les grandes villes, sont fréquemment confrontées aux violences dans les espaces publics », souligne l’auteure de cette étude publiée jeudi 7 décembre.
La forme la plus fréquente est le fait d’être sifflée : une femme sur cinq a vécu cette situation au cours de l’année. Elles sont 8% à avoir été insultées, 3% suivies, 2% ont subi du pelotage (parfois accompagné de baisers forcés), 1% des propositions sexuelles insistantes, 1% également de l’exhibitionnisme ou du voyeurisme.
L’Ined estime ainsi que, chaque année en France, 15% des femmes âgées de 20 à 69 ans, soit 3 millions, sont touchées par la « drague importune » dans l’espace public ; et plus d’1 million (5%) subissent « des situations de harcèlement et d’atteintes sexuels. »1
Les plus jeunes, entre 20 et 24, ont près de trois fois plus de risques d’y être confrontées : 40% des femmes rapportent avoir fait l’objet de drague importune et 14 % de harcèlement et d’atteintes sexuels.
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Les hommes, eux, sont 14% à déclarer des violences dans l’espace public. Mais pour eux il s’agit essentiellement d’insultes et de violences physiques. « L’importance de ce type de violence est révélatrice des rôles de genre attribués aux hommes : ils seraient ainsi plus enclins à entrer dans la confrontation physique ou tenus d’y avoir recours », note la chercheuse de l’Ined.
« L’environnement des grandes villes est particulièrement propice aux violences de toutes sortes dans les espaces publics », souligne encore l’étude. Dans l’agglomération parisienne, 20% des femmes ont subi de la drague importune dans les douze derniers mois et 10% des situations relevant du harcèlement et des atteintes sexuels. Soit dans les deux cas 5 points de plus que la moyenne française.
La dernière analyse de l’Ined issue de l’enquête Virage révélait que, dans sa vie, une femme sur sept en France a subi des violences sexuelles. Des violences qui se déroulent d’abord dans l’espace de la famille et des relations avec les proches.
1/ L’Ined caractérise la drague importune par le fait d’être interpellée « sous le prétexte de drague (une ou plusieurs fois) sans que cela soit jugé grave et sans que ce soit cumulé à d’autres faits. »
Les faits de « harcèlement et atteintes sexuels » concernent l’exhibitionnisme, le voyeurisme, le fait de suivre de peloter ou d’embrasser de force… à l’exclusion des attouchements du sexe, des viols ou des tentatives de viol.