Des visages d’anonymes et de célébrités s’affichent sur les réseaux sociaux avec le message J’aurais fait comme elle. Elle ? Priscilla Majani, cette mère condamnée pour l’enlèvement de sa fille en 2011. Ajout le 4 janvier : elle a été condamnée en appel.
Priscilla Majani a été jugée devant le tribunal correctionnel de Toulon le 16 septembre 2022 pour l’enlèvement de sa fille en 2011. Un procès éprouvant au bout duquel Priscilla a été condamné à 5 ans de prison ferme et à 25.000 euros d’amende. Puis en appel, ce sont cinq ans de prison (dont quatre fermes) qui ont été requis contre elle, le 23 novembre dernier, à la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Le délibéré de cet appel sera rendu le 4 janvier 2023.
Et ce verdict ne passe pas du tout dans l’opinion publique. Une pétition a rapidement été lancée par Sofia Sept, féministe et activiste Femen, pour demander la relaxe de Priscilla Majani. Sur la pétition, elle explique que « pour avoir tout quitté et avoir protégé sa fille, Priscilla Majani paie le prix fort de l’indécence judiciaire ».
Après une séparation avec le père de sa fille, Priscilla Majani porte plainte contre celui-ci en janvier 2011. Elle l’accuse d’agression sexuelle et de viol sur sa fille Camille. Alors âgée de 5 ans, Camille avait osé parler à sa grand-mère puis à sa mère. 11 ans après, la jeune fille maintient d’ailleurs son témoignage dans une lettre lue lors du procès et reprend ses propos de l’époque : « il a mis son zizi dans le trou des fesses ». Malgré cela, la plainte avait été classée sans suite en 2011 et la garde complète de sa fille lui avait été refusée. Priscilla Majani quitte alors le Var et disparaît sans laisser de trace avec Camille. Mais en mars 2022, la justice retrouve leur trace en Suisse, suite à un banal contrôle routier.
Priscilla Majani faisait l’objet de mandats d’arrêt et avait été condamnée par deux fois à Toulon pour non-représentation d’enfant. En 2011, elle avait écopé d’un an d’emprisonnement et de trois ans en 2016. A ces deux condamnations, s’ajoute également en 2015 une troisième : deux ans de prison pour dénonciations calomnieuses envers son ex-mari. Celui-ci accuse Priscilla de manipuler leur fille. Camille, désormais âgée de 17 ans, refuse pourtant toujours de le voir et maintient ses accusations : « Je me souviens avoir été énormément soulagée lors du départ. Je me suis sentie pour la première fois en sécurité (…) Je n’ai jamais été oppressée ni contrainte de force à suivre ma mère. Si j’avais voulu retourner vivre chez mon père, j’aurais pu le faire depuis longtemps, or je n’en ai plus jamais eu envie, car mon père est une crainte pour moi.»
Lors du procès, sa fille, restée en Suisse, a déclaré dans sa lettre lue au tribunal, ne pas comprendre « pourquoi la justice décide de fermer les yeux sur ça, en considérant que [sa] mère a commis un crime, dans le but de [la] protéger avant tout, alors que les crimes de [son] père sont bien plus graves ». Dans sa déclaration, elle est également revenue sur l’agression dont elle a été victime et notamment sur ce sentiment de ne pas avoir été entendue et crue lorsqu’elle a dénoncé les agressions de son père : « Ce que je n’aimais pas chez le policier qui m’interrogeait, c’est qu’il rigolait quand je lui disais ce qu’il se passait. Il rigolait comme si je lui faisais une blague, comme si c’était drôle.»
En plus de la pétition, la militante Sofia Sept a lancé un appel sur les réseaux sociaux. Elle invite un maximum de personnes à montrer leur soutien à Priscilla Majani en publiant une photo avec la phrase J’aurais fait comme elle. Des centaines de photos accompagnées des mots dièses #PriscillaMajani et #JauraisFaitCommeElle ont déjà été publiées sur Twitter, Facebook, Instagram et TikTok. Parmi les internautes, beaucoup d’anonymes mais aussi des célébrités comme Eva Darlan (qui a lancé le mouvement de soutien aux côtés de Sofia Sept), Catherine Marchal, Corinne Masiero ou encore Anny Duperey.
Ces derniers jours, ce mouvement prend de plus en plus d’ampleur et Sofia Sept se réjouit de cet élan de solidarité. Soutenue dès le début par de nombreuses anonymes qui l’ont aidée lors de la mise en place du mouvement et de la pétition, Sofia Sept tient également à remercier « toutes les mamans qui sont dans la même situation que Priscilla et qui osent prendre une photo, parfois d’une main, parfois cachées ou dans l’ombre. Mais elles sont là et comprennent qu’en rendant visible l’histoire de Priscilla Majani, on lutte aussi pour elles. Elles sont très courageuses ».
Ajout le 4 janvier 2023. Les juges de la cour d’appel d’Aix-en-Provence ont condamné ce mercredi Priscilla Majani à deux ans et neuf mois de prison pour « soustraction de mineure par ascendant » et à verser 30.000 euros à son ex-époux au titre du préjudice moral.