Les personnes en surpoids vivraient plus longtemps, selon une vaste étude largement commentée. Mais attention aux extrapolations…
C’est une information qui fait les choux gras de la presse, au lendemain des agapes de fin d’année : une étude scientifique menée aux États-Unis conclut que les personnes en surpoids vivent plus longtemps que celles qui affichent un indice de masse corporelle normal.
Face aux traditionnelles injonctions à la maigreur, cette conclusion scientifique a en effet de quoi réjouir. « Les fesses rebondies, c’est bon pour la santé », clame alors Europe1.fr tandis que le HuffPost.fr ouvre son article avec cette question : « Un petit peu de ventre ne ferait-il pas de mal? » et que LeFigaro.fr renchérit : « L’embonpoint n’est pas mauvais pour la santé. »
Mais attention à de telles extrapolations. Car l’étude publiée le 2 janvier dans le Journal of the American Medical Association (ici en anglais) ne concerne pas la santé. Simplement la mortalité. Elle est en fait une méta-analyse d’une centaine d’études précédentes, concernant en tout près de 3 millions de personnes. Mais se contente d’observer le rapport entre l’Indice de masse corporelle (IMC, qui se calcule en divisant la masse par le carré de la taille) et le taux de mortalité.
La bonne santé pas prise en compte
Ses auteurs le soulignent eux-mêmes : ils ne s’intéressent pas aux causes précises de la mortalité. Il est donc inexact d’en tirer des conclusions sur la « santé ». Et, comme le note le journal The Atlantic, l’un des rares médias prenant de la hauteur vis-à-vis de l’étude, « la longévité n’est pas tout. Si la population, dans l’ensemble, vit plus longtemps qu’il y a 20 ans, le nombre de personnes vivant en mauvaise santé s’accroît également ». C’est ce qu’en France l’INSERM relevait au printemps dernier.
De même, évoquer les fesses rebondies et autres poignées d’amour est pure extrapolation, dans la mesure où l’étude n’entre pas dans le détail de la distribution des tissus graisseux.
La seule conclusion à en tirer concerne des chiffres ; ceux de l’IMC, qui n’est par ailleurs qu’un indice incomplet. Il apparaît que les personnes en surpoids (qui ont, selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé, un IMC compris entre 25 et 30) ont un taux de mortalité prématurée « significativement plus faible » (de 6%) que celles ayant un IMC « normal » (entre 18 et 25). Tandis que les personnes légèrement obèses (avec un IMC compris entre 30 et 35) n’ont pas plus de risque. En revanche, les personnes présentant un taux d’obésité plus élevé sont exposées à un risque plus grand de mourir prématurément.
Comme le rapporte la BBC, à l’instar de The Atlantic, certains scientifiques ont déjà contesté la rigueur de cette étude, et le message qu’elle fait passer. Ironie du sort, le Royal College of Physicians s’inquiétait la veille du « défi de l’obésité » dans le pays : « Environ 25% des adultes au Royaume-Uni sont obèses et la majorité de la population britannique pourrait l’être d’ici 2050. Le coût du traitement des conséquences de l’obésité est estimé à 5 milliards de livres par an. »
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