La 46e édition du festival du court métrage de Clermont-Ferrand vient de s’achever. Avec 166.000 entrées, cette édition 2024 enregistre la 2e plus haute fréquentation du festival. Et la rétrospective thématique « Insoumises » a conquis le public avec ses portraits de femmes fortes !
Cette année, les femmes étaient à l’honneur au festival de Clermont-Ferrand avec notamment deux programmes “au féminin” dont une rétrospective qui a beaucoup fait parler d’elle (lire : LES FEMMES SONT À L’HONNEUR AU FESTIVAL DU COURT MÉTRAGE DE CLERMONT-FERRAND).
Tous les ans, les séances favorites des festivali·eres font rapidement le tour de la ville. Et cette année ne fait pas exception. Où que vous soyez, un mot revient sans cesse : “Insoumises”. Et pour cause ! Avec 24 films proposés, la rétrospective thématique “Insoumises – portraits de femmes indociles” a conquis le public. Celle-ci a d’ailleurs enregistré 12.371 entrées, devenant ainsi la rétrospective la plus vue de l’histoire du festival ! Pour être certain·es d’entrer dans la salle (beaucoup ont dû faire demi-tour…), les festivali·eres n’hésitaient pas à arriver avec plus d’une heure d’avance, créant des files de plusieurs mètres de long.
Gros succès pour le court métrage de Blandine Lenoir
Et s’il y a un court métrage qui a marqué encore plus les esprits parmi les quatre programmes des Insoumises, c’est sans aucun doute L’Amérique de la femme. Réalisé par Blandine Lenoir en 2014 ce court métrage aborde le thème de l’éducation à la sexualité. Présente à Clermont-Ferrand, la réalisatrice craignait que son court métrage ait mal vieilli mais les éclats de rire et les applaudissements du public lui ont prouvé que non. Bien au contraire. 10 ans après, le sujet est toujours autant d’actualité. Si l’existence du clitoris n’est peut-être plus à démontrer, l’absence de cours d’éducation à la sexualité, pourtant obligatoires depuis 2001, est un véritable problème. Blandine Lenoir en est convaincue. En 2024, il reste bien des choses à faire en la matière car il existe encore beaucoup de tabous et d’injonctions.
Lire : LES COURS D’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ EN DANGER et ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ: UN LIVRE BLANC FACE À L’EXTRÊME DROITE
Ce court métrage peut aussi être considéré comme une version courte du premier long métrage de la réalisatrice. Une grande partie de ce dernier est présente dans le film Zouzou. On retrouve d’ailleurs au casting les mêmes (hilarantes) actrices : Laure Calamy, Florence Muller, Jeanne Ferron et Sarah Grappin.
Blandine Lenoir réalisera par la suite le film Aurore, avec Agnès Jaoui, qui traite d’une thématique quasiment jamais abordée au cinéma, celle de la ménopause, puis Annie Colère qui rend hommage au MLAC (Mouvement pour la libéralisation de l’avortement et de la contraception). Ce dernier long métrage a d’ailleurs été présenté à nouveau sur grand écran à Clermont-Ferrand lors d’une séance spéciale en présence de la cinéaste. Accompagnée d’Anne Joubert, ancienne militante du MLAC, toutes deux ont généreusement échangé avec le public totalement séduit par le film.
Son prochain long métrage intitulé Juliette au printemps sortira en salles le 12 juin prochain et mettra en scène Izïa Higelin dans le rôle de Juliette, illustratrice de livres pour enfants, qui retourne dans le lieu où elle a grandi pour passer quinze jours en compagnie de ses proches.
La série H24 sur le devant de la scène
Chacun des quatre programmes de la rétrospective débute par un court métrage issu de la série H24 qui nous plonge dans la tête de femmes subissant des agressions sexistes. Si certaines personnes connaissaient déjà la série (toujours disponible sur la plateforme d’Arte) beaucoup l’ont découverte avec joie à cette occasion et comptent bien aller la regarder en intégralité (lire : « 24 HEURES DANS LA VIE D’UNE FEMME », APPEL À LA RÉBELLION H24).
Valérie Urrea, créatrice de la série aux côtés de Nathalie Masduraud, était d’ailleurs présente à Clermont-Ferrand en tant que membre du jury dans la catégorie queer métrage. Invitée de l’émission L’Entrecourt, elle est revenue sur la genèse de la série, inspirée de faits réels. Pendant plusieurs mois, elles ont collecté de nombreux témoignages de femmes avant d’exposer ces faits réels à des écrivaines. Celles-ci avaient alors comme mission d’écrire un monologue d’une page. Un discours à la première personne ensuite repris face caméra par les 24 actrices embarquées dans ce projet collectif où toutes ont touché le même salaire, qu’elles soient connues ou pas connues.
Coups de coeurs Insoumises
Voici quelques-uns de nos coups de coeur de la série « Insoumises ».
Sélection officielle
La 46e édition du festival c’est aussi une sélection officielle de 197 films (dont 107 avant-premières) et 65 pays représentés. Trois catégories étaient en compétition : internationale, nationale et labo. Le palmarès complet est à retrouver ici.
Parmi les courts primés ou ayant obtenus des mentions spéciales, voici une petite sélection de courts de réalisatrices que nous vous recommandons.
- La voix des autres de Fatima Kaci (Mention spéciale du jury et prix d’interprétation)
- Queen Size d’Avril Besson (Prix Canal+)
- The Miracle de Nienke Deudz (Mention spéciale du jury étudiant)
- J’ai vu le visage du diable de Julia Kowalski (Grand prix national)
- AliEN0089 de Valeria Hofmann (Gran prix labo)
- 27 de Flóra Anna Buda (Prix de la meilleure musique originale)
- Les mystérieuses aventures de Claude Conseil de Paul Jousselin et Marie-Lola Terver (Prix du public compétition nationale et prix du rire Fernand Raynaud)
- Wild Summon de Karni et Saul (Prix du public compétition labo et prix des effets spéciaux)
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