Portée par sa rencontre avec Clémentine Autain et son livre « Dites lui que je l’aime », Romane Bohringer part à son tour sur les traces de sa propre mère, Marguerite dite Maguy, disparue lorsqu’elle avait douze ans. Un documentaire fiction nourri de larmes et d’affection.

Continuons notre petit tour de festival avec le nouveau (et deuxième) film de Romane Bohringer présenté en séance spéciale le 19 mai dernier. Tout est parti de sa rencontre avec Clémentine Autain et son livre « Dites-lui que je l’aime ». Paru en 2019, ce témoignage autobiographique de la députée revient sur son enfance auprès de sa mère, Dominique Laffin, actrice décédée lorsqu’elle avait 12 ans. Plutôt qu’adapter l’inadaptable ouvrage, Romane Bohringer a préfèré tisser des liens entre leurs deux parcours : deux mères aimantes mais défaillantes, perdues dans l’alcool pour l’une et la drogue pour l’autre, emportées jeunes en laissant leurs filles pleines de questions. Son sensible documentaire mêle les portraits de ces deux femmes de la même génération, témoignages, images d’archives et moments fictionnés, portés par la jeune Eva Yelmani qui interprète Dominique Laffin. « Elle ressemblait d’ailleurs bien plus à ma propre mère qu’à celle de Clémentine Autain. Elle est à la fois Dominique et Marguerite, elle a tout balayé sur son passage » raconte la réalisatrice.
A l’occasion de cette quête, Romane se découvre un demi-frère et une demi-sœur, jumeaux adoptés ; elle plonge dans les journaux intimes et lettres de sa mère Maguy ; elle embarque avec humour son fils en mini-détective. Le très émouvant plan séquence final met en scène la réalisatrice et Clémentine Autain, marchant dans les rues de la ville, croisant chacune de leur côté des couples de mères et filles, petites ou adolescentes, joyeuses et complices. Les regardant avec affection, toutes deux semblent apaisées d’avoir pardonné à leurs mères, d’être parvenues à le devenir à leur tour, d’avoir rompu la chaîne de l’abandon. « Devenir réalisatrice de sa propre histoire, comme pour L’Amour flou, qui avait transformé une rupture douloureuse en un souvenir gai et apaisé, met les choses à une distance si joyeuse qu’on est capable de déplacer des montagnes. » conclut la cinéaste.
« Dites lui que je l’aime » de Romane Bohringer, scénario écrit avec Gabor Rossov, (France, 1h32), avec Clémentine Autain, Romane Bohringer, Eva Yelmani, Josiane Stoléru, Raoul Rebbot-Bohringer. Distribué par ARP sélection. Sélection officielle Cannes 2025, séance spéciale. Sortie le 10 décembre.

1 Commentaire
J’adore ta plume. Ce film semble émouvant et intense