
Dans cet article du Parisien : une seule joueuse citée… parmi 8 hommes
La première étude d’envergure, quantitative et qualitative, sur la place du football féminin dans la presse dresse un constat sans appel.
Quand il n’est pas invisible, le football féminin sert de support à « la promotion des hommes ».
C’est le constat accablant de la première étude d’envergure sur la couverture médiatique du football féminin dans la presse française, dévoilée jeudi 19 octobre.
Pour, enfin, pourvoir étayer par des chiffres ce qui n’était jusque là qu’une évidence ressentie, l’étude menée par l’association Les Dégommeuses, avec le soutien du réseau Fare, a porté sur la période du 2 au 25 septembre, couvrant les trois premières journées du championnat de Division 1 féminine et deux matchs amicaux de l’équipe de France – les premiers avec Corinne Diacre à la tête de la sélection. « Ce qui laissait imaginer un intérêt médiatique particulier », note la journaliste et consultante Alice Coffin, membre des Dégommeuses, qui a procédé à ce travail d’analyse de 188 éditions de 10 journaux nationaux et locaux.
Mais le constat est sans appel, affligeant : sur 1327 pages consacrées au football, seules 28 sont dédiées au foot féminin : 2,1%. Autrement dit, dans 98% des cas, le football se décline au masculin.
Le quotidien sportif de référence, L’Équipe, est en dessous de la moyenne, avec 1,2%. La presse régionale (l’étude a sélectionné les éditions de villes dont des équipes disputent le championnat) fait un peu mieux. Mais seul un titre, le Midi Libre (pour l’équipe de Montpellier) passe la barre des 5% : 6,9% de ses articles sur le foot sont consacrés à des équipes féminines.
Derrière les chiffres, le traitement qualitatif n’est pas plus glorieux. La place des femmes reste forcément subalterne. Alice Coffin évoque cette « impression que les hommes se parlent entre eux. Comme dans le journalisme politique, quand la politique n’était qu’aux mains des hommes. » Dans les articles pourtant consacrés à des équipes féminines ce sont souvent eux, entraîneurs ou patrons de clubs, voire kinés ou jardiniers, qui sont interrogés, nommés et ont droit à une photo.
« Non seulement on parle peu des joueuses, mais quand on en parle elles ne sont pas nommées », insiste Alice Coffin. Exemple parmi tant d’autres : Le Progrès de Lyon, le 10 septembre : l’équipe masculine, qui jouera le soir, à droit au grand titre de la une. L’équipe féminine, championne d’Europe, qui a gagné la veille 5-0, n’a qu’un encadré. Et le joueur en photo a son nom en légende, tandis que la légende de la photo de la joueuse ne propose que le nom du photographe.
Si les journalistes sont les premiers responsables des cette « façon structurelle d’invisibiliser les joueuses », Alice Coffin note que la Fédération Française de Football n’est pas exempte de reproche. Son président Noël Le Graët avait ainsi droit à deux pages d’interview dans L’Équipe le 5 septembre : à aucun moment il n’a mentionné le football féminin.
En 2016, une étude de l’INA consacrée à la place des sportives dans les journaux télévisés du soir révélait que seuls 6% des sujets « sport » leur étaient consacrés. Les footballeuses n’ont droit qu’à 2% des sujets sur le football, bien que deux Coupes du Monde féminines aient eu lieu sur la période, en 2011 et 2015.
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