Le 17 janvier 1975, la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse était promulguée en France. 48 ans plus tard, un texte, déjà voté à l’Assemblée, sera examiné au Sénat le 1er février prochain afin d’inscrire ce droit dans la Constitution.
Quelques jours avant que le Sénat ne se prononce sur l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG, plusieurs personnalités ont signé ce 16 janvier 2023 une tribune dans le Journal du Dimanche, aux côtés de deux cents associations et professionnel·les de santé. Parmi elles, notamment Julie Gayet, Annie Ernaux ou encore l’actrice Laure Calamy, qui interprétait récemment une militante du MLAC dans le film Annie Colère.
Dans cette tribune, il est rappelé qu’ « Après le vote historique de cette loi, entrée en vigueur le 17 janvier 1975, les mouvements féministes restent mobilisés pour conforter ce droit et enrichir ses modalités d’accès et de prise en charge ». Depuis, le droit à l’avortement fait l’objet d’une vigilance de chaque instant, particulièrement avec les montées un peu partout des mouvements d’extrême-droite, comme récemment aux Etats-Unis où la Cour Suprême a supprimé le droit constitutionnel à l’avortement ; droit qui était pourtant garanti depuis presque 50 ans par l’arrêt Roe v. Wade.
« Criminalisées, empêchées d’accéder aux structures pratiquant les IVG, victimes de pressions et de harcèlement, les femmes qui souhaitent avorter se retrouvent en grand danger. Les mouvements anti-choix, ultra financés, sont très actifs partout dans le monde. Ils mènent des actions de lobbying, non seulement dans les sphères politiques et économiques » préviennent les autrices de la tribune.
Lire : LA GUERRE CONTRE LE DROIT À L’AVORTEMENT S’INTENSIFIE
Alors que l’actualité rappelle tous les jours que, partout dans le monde, les droits des femmes ne sont jamais acquis, il est désormais plus que nécessaire de l’inscrire « dans le marbre ». Les signataires de la tribune écrivent : « ce qu’une loi fait, une autre loi peut le défaire, au gré des majorités politiques changeantes. Est-ce à cette précarité que nous voulons exposer l’IVG ? Le droit à l’avortement doit être protégé et garanti ».
En octobre dernier, le Sénat, à majorité de droite, avait rejeté en première lecture la proposition de loi visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, présentée par la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel.
Lire : INSCRIPTION DU DROIT À L’IVG DANS LA CONSTITUTION : LE SÉNAT A DIT NON
Un mois après, la proposition de loi portée cette fois par les député·es de La France Insoumise (LFI), avait finalement été adoptée à l’Assemblée nationale. Celle-ci propose d’inscrire au titre VIII de la Constitution un article unique 66-2 : « Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. La loi garantit à toute personne qui en fait la demande l’accès libre et effectif à ces droits. » C’est sur cette proposition de loi que devront s’exprimer les élu·es de la chambre haute du Parlement français, le 1er février prochain.
Si cette proposition de loi venait à être adoptée, la France deviendrait alors le premier pays au monde à inscrire ce droit dans sa Constitution. C’est donc bien un rendez-vous avec l’Histoire que les membres du Sénat auront le 1er février entre leurs mains au moment de voter. Ils et elles auront alors la possibilité de « porter un message fort, comme un étendard pour les femmes et les minorités de genre du monde entier ».
Lire aussi dans Les Nouvelles News :
ESPAGNE : DES MESURES « EN FAVEUR DE LA VIE » POUR DISSUADER LES FEMMES D’AVORTER
ETATS-UNIS : LA COUR SUPRÊME REVIENT SUR LE DROIT À L’AVORTEMENT