Décembre 2022. Une vidéo de handballeuses s’adressant au Père Noël a dépassé le million de vues. Le message ? Sauver leur club après la décision de la Métropole de Nîmes de supprimer les subventions aux clubs féminins. Retour sur cette affaire.
« Nous voulons que le sport féminin soit considéré au même titre que le sport masculin car Nîmes Métropole ne veut plus nous soutenir, nous les femmes sportives. »
Issu de la vidéo (à la fin de l’article) enregistrée par les joueuses, le message est clair. Il fait référence au refus de la Métropole de Nîmes d’accorder 60.000 € de subvention au club féminin Bouillargues Handball Nîmes Métropole. Cette décision est survenue il y a quelques mois alors que le club faisait déjà face à des difficultés financières. La Métropole a annoncé supprimer les aides à plusieurs clubs féminins : handball, basket, football et volley, tout en maintenant celle des clubs masculin, déclenchant ainsi colère et incompréhension.
Le club qui évolue en deuxième division justifie pourtant d’une stabilité depuis de nombreuses années et ne comprend pas un tel mépris pour le sport féminin de la part de la Métropole et de son président Franck Proust (Les Républicains).
Contacté par le journal Le Monde, Bernard Baumelou, directeur du Cabinet de Nîmes-Métropole, explique que les versements de subvention effectués jusqu’alors étaient illégaux affirmant que le prédécesseur de Franck Proust « a mis sous dépendance financière des clubs sportifs sans en être statutairement et légalement fondé ».
Interrogée également par France 3 Région, la Métropole attribue au « hasard » cette suppression des aides comme l’explique Bernard Baumelou, directeur du Cabinet avant de préciser « Mais nous avons supprimé aussi la subvention à un club qui est mixte », comme pour se défendre d’une quelconque discrimination sexiste. Ce dernier affirme également avoir avisé les clubs dès l’année 2020 avec la prise de poste de Franck Proust et « baissé progressivement les aides jusqu’à leur suppression totale cette année ».
Cet épisode n’est pas sans rappeler le clap de fin survenu il y a quelques mois à peine pour le Fleury Loiret Handball, contraint de mettre la clé sous la porte après 19 saisons consécutives en Division 1 et des titres. Comme pour Nîmes, le club s’était vu refuser une subvention de la Métropole d’Orléans (100.000€) alors que le même jour, la Métropole octroyait une aide importante à des clubs masculins. Le club a donc fini par être placé en liquidation judiciaire.
Pour éviter de subir le même sort, Sylvain Maestrini, président du club de Nîmes, multiplie depuis les démarches et appels à l’aide. La région d’Occitanie et le Département y ont répondu favorablement en accordant une aide exceptionnelle, respectivement de 15.000 € et 10.000 €. Pour Midi Libre, Kamel Chibli, vice-président aux sports de la région Occitanie, explique ne pas avoir « envie de voir un club féminin en deuxième division disparaître, or nous avons reçu le président et avons bien perçu que c’est ce qui allait se passer si nous ne leur venions pas en aide maintenant ».
Sylvain Maestrini a également lancé une cagnotte en ligne, encore disponible une quinzaine de jours, afin de compléter ces aides et tenter de pallier le manque criant des 60.000 € de la Métropole.
Le manque de moyens financiers des clubs féminins est récurrent et, même si des initiatives sont parfois prises au niveau local, cela n’est pas toujours suffisant pour assurer stabilité et pérennité aux équipes féminines.
Il y a 10 ans, ce sujet avait déjà fait l’objet d’un débat lors des premiers états généraux du sport féminin en équipe à Bourges. A l’époque, un exemple d’inégalités, et qui concernait la sélection nationale, avait été cité avec la Fédération Française de Rugby. Cette fédération avait refusé de couvrir des frais de déplacement à l’équipe féminine qui se rendait en Angleterre pour disputer la Coupe du Monde alors qu’elle le faisait pour l’équipe masculine. Pire encore, il avait été suggéré aux joueuses de vendre des billets de tombola afin de trouver des sponsors et récolter ainsi l’argent nécessaire au voyage. Si de telles inégalités existent à ce niveau-là, il est aisé d’imaginer ce que vivent les petits clubs qui doivent se battre tous les jours pour trouver de nouveaux sponsors avec des entreprises privées prêtes à investir dans le sport féminin.
La seconde édition des états généraux du sport féminin se tiendra du 18 au 20 janvier 2023 à Bourges et sera peut-être l’occasion de remettre au coeur du débat les difficultés que rencontrent ces clubs féminins.
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