« Je ne suis pas ta jolie », « Me siffler n’est pas un compliment », « Ma mini-jupe ne veut pas dire oui ». Ces slogans s’affichent dans Paris, à l’initiative du collectif ‘Stop harcèlement de rue’, qui invite les bars à s’engager contre les « relous ». Rencontre.
La première fois, c’était le 8 mars. Soirée collage dans les rues du quartier Bastille, qui s’étaient pour l’occasion recouvertes d’affiches aux slogans anti-relous des rues. Une tribune dans Libération plus tard, le collectif organisait sa deuxième action le vendredi 4 avril.
À l’heure où l’esprit du week-end envahit Paris, Héloïse, Delphine, Cécile et les autres arpentent la rue Jean-Pierre Timbaud. « Quelle fille ne s’est pas faite emmerder ici ? », se désole Héloïse. Ce soir ne fait pas exception. « Wow, les yeux ! », s’exclame un homme en dépassant Cécile, qui saute sur l’occasion. « Tiens, ça pourrait t’intéresser », rétorque-t-elle en lui tendant un tract. « On cible plutôt les femmes, pour leur montrer qu’elles ne sont pas seules, et leur parler de notre action », explique Delphine. « Mais là, l’occasion était trop belle ». L’homme file sans demander son reste. L’anecdote fera les choux gras des membres du collectif une bonne partie de la soirée.
Zones anti-relous
Au cours de la soirée, une cinquantaine d’affiches viendront décorer le quartier. Une centaine de tracts ont été distribués « et pleins de contacts positifs se sont noués », se félicite Héloïse. Car c’est bien là le but : descendre dans la rue, parler aux gens.
Voix rauque, verbe haut, la trentenaire explique : « Notre objectif dans l’immédiat n’est pas d’organiser une immense manifestation avec le tout-Paris. C’est d’aller à la rencontre des gens, et de faire des actions concrètes dans les lieux de vie des Parisiens ». Pour l’instant… « Nos actions sont simples, elles peuvent s’exporter à travers toute la France », assurent les membres du collectif.
La soirée se poursuit dans un bar. « À son niveau, chacun peut agir », s’enthousiasme Delphine, entre deux gorgées de bière. « Dans son quartier, dans les lieux de sociabilité, en recouvrant les murs d’affiches et en interpellant le bar du coin pour qu’il affiche son engagement contre le harcèlement de rue. C’est la première étape d’une réappropriation des espaces de convivialité, pour que tout le monde se sente à l’aise. L’objectif est de créer et d’étendre des zones safe et conviviales dans tous les quartiers. » Ce soir là, tous les bars abordés se sont montrés réceptifs.
« C’est aussi dans leur intérêt », résume Héloïse dans un haussement d’épaules. La conversation s’échauffe : « A terme, le but serait de créer des stickers ‘zone anti-relous’ à afficher sur la devanture », s’esclaffe Cécile. « Ou même des ronds de bière sur ce qu’est le harcèlement », renchérit Héloïse. Ensemble, elles imaginent une carte interactive qui recenserait les bars participants. Plus tard, elles contacteront les organisateurs de grands festivals, se promettent-elles.
« Ça peut s’arrêter »
Pour l’heure, l’étape suivante est claire : faire directement pression sur les municipalités pour qu’elles soutiennent ces actions, en participant à l’élaboration d’une charte « Stop harcèlement de rue », en produisant des affiches et des dépliants expliquant comment se défendre ou aider une personne victime. « Paris a bien créé une charte anti-bruit, pourquoi pas une charte anti-relous ? », résume Héloïse.
Sur internet, les membres inondent les réseaux sociaux avec le hashtag #stopharcèlementderue. Un moyen de faire connaître leurs actions, même si « libérer la parole sur le net c’est bien, proposer des actions concrètes c’est mieux », convient Cécile. À la table, tout le monde acquiesce. Le mot de la fin revient à Héloïse : « Ça peut s’arrêter ». Et de commander une autre tournée.
Le collectif « Stop harcèlement de rue » se réunira jeudi 10 avril au Zic Zinc (« bar sans relous » friendly, précise le collectif), 95 rue Claude Decaen 75012 Paris.
Le collectif sur les réseaux sociaux :
https://www.facebook.com/stopharcelementderue?fref=ts
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