Politique, économie, violences, éducation, travail, sport, santé… « Ensemble contre le sexisme » dévoile son « Plaidoyer pour une élection présidentielle antisexiste » en 22 impératifs.
“Un monde sans sexisme, c’est possible” a martelé Catherine Ladousse, co-présidente, avec Moïra Sauvage, du collectif Ensemble contre le sexisme le 25 janvier, journée internationale de lutte contre le sexisme.
L’objectif est clair pour ce collectif qui rassemble plus de 40 associations féministes : interpeller les futur.e.s candidat.e.s à l’élection présidentielle pour que le prochain quinquennat soit féministe. Pour faire de cette ambition une réalité, 22 propositions concrètes ont été présentées lors de cette 5ème journée de lutte contre le sexisme (ci-dessous). 22 Impératifs !
Car le temps n’est plus au constat mais à l’action, les rouages et conséquences du sexisme ayant été identifiés depuis longtemps… Les champs d’intervention sont nombreux : éducation, travail, sport, santé, etc., tous les domaines où l’inégalité entre les femmes et les hommes est criante sont visés !
Les participant.e.s à cette journée de lutte ont été invité.e.s à voter pour désigner leurs 5 propositions “coup de cœur”. Ont été plébiscitées : la demande d’1 milliard d’euros à l’Etat pour lutter contre les violences machistes subies par les femmes, l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans les droits fondamentaux de l’Union Européenne, l’obligation d’une juste représentation des femmes et des hommes dans les manuels scolaires, la refonte du système de classification des métiers pour assurer l’égalité salariale à poste de travail égal et à valeur égale, et enfin favoriser l’accès des filles aux filières scientifiques par la mise en place de quotas si nécessaire.
La ministre en charge des Droits des femmes, Elisabeth Moreno, est venue clôturer cet événement en tant que marraine du collectif. Le matin même, sur sur CNews, elle a officialisé le 25 janvier comme journée nationale contre le sexisme en parlant d’un “défi culturel et d’un enjeu de civilisation”. Sa présence a été l’occasion d’évoquer les dernières mesures mises en place par le gouvernement sur le sujet. Parmi elles, une nouveauté : le 3919 imprimé sur les prochaines factures de gaz envoyées par Engie aux Français.es mais aussi une formation à l’égalité obligatoire de 18h à destination des futur.e.s enseignant.e.s et la mise en place “d’une semaine de l’égalité” dans les établissements scolaires. Enfin, rappel a été fait des discussions engagées par Elisabeth Borne ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, avec les partenaires sociaux pour valoriser les métiers dits “de la deuxième ligne” où les femmes sont particulièrement représentées.
Les associations féministes ont pris acte de ces avancées mais ont notamment déploré le manque de moyens consacrés à l’égalité par l’Etat : le budget du ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes est le petit du gouvernement avec 50 millions d’euros par an. En réponse, Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes sous la présidence de François Hollande, a évoqué l’épuisement des féministes qui sont à l’origine des avancées en matière d’égalité mais qui réalisent ce travail bénévolement. L’appel est donc lancé au futur gouvernement : un monde sans sexisme ne se construira qu’avec une ambition politique forte et des moyens à la hauteur du défi !
Les 22 propositions du plaidoyer « Pour un quinquennat féministe et non sexiste »Éducation: l’égalité de la petite enfance au baccalauréat 1. Imposer une juste représentation des femmes et des hommes dans les programmes et les manuels scolaires, notamment en rendant visibles des femmes remarquables, et poursuivre l’intégration de la question de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes dans l’enseignement primaire et secondaire, sous peine de sanctions 2. Mettre en place un brevet égalité au niveau du primaire et du secondaire certifiant l’apprentissage de la notion de consentement et de la lutte contre les inégalités entre les filles et les garçons 3. Faciliter l’accès des filles aux formations scientifiques et techniques en luttant contre les discriminations et les stéréotypes de sexe dans l’orientation, en leur garantissant une information claire sur les débouchés professionnels, et en leur réservant des places via une formule de quotas si nécessaire 4. Généraliser le dispositif des référent·es égalité dans l’ensemble des établissements d’éducation et d’enseignement supérieur, publics comme privés ; et leur donner les moyens requis à l’exercice de cette mission (par le biais d’une décharge dédiée et suffisante ainsi que par la mise en place d’une cellule d’accompagnement et de prévention des violences sexuelles et sexistes) Lutte contre les violences patriarcales: la sécurité, un droit de toutes 5. Consacrer enfin un minimum d’un milliard d’euros à la lutte contre les violences faites aux femmes: formation des professionnel·les, hébergement, accueil, orientation, prévention, éloignement du conjoint violent, accompagnement juridique, médical et psychologique des victimes quel que soit leur âge, etc. 6. Organiser chaque 25 novembre un bilan gouvernemental des actions menées durant l’année écoulée afin que la politique publique soit évaluée au plus près des besoins et réadapter en conséquence les mesures en les finançant de manière suffisante Travail: faire du monde professionnel une zone sans sexisme 7. Rendre obligatoire dans les entreprises et les fonctions publiques un programme d’actions interne contre le sexisme en milieu professionnel (formation des salarié·es et des agent·es, budget dédié) et donner sa pleine mesure à la négociation collective sur l’égalité professionnelle dans les entreprises, en liant plus étroitement cet exercice à celui de l’index sur l’égalité salariale, et en faisant progresser la mixité dans l’ensemble des métiers majoritairement occupés par les femmes ou les hommes 8. Assurer l’égalité salariale à poste de travail et à valeur égale, en refondant le système des classifications, négociées par les branches, et fournir annuellement un rapport au Parlement sur l’équité en matière de rémunérations 9. Exiger la parité́ pour tous les postes à responsabilités et instaurer des sanctions financières effectives, abondant un fonds dédié à l’égalité professionnelle, dans tous les secteurs privés comme publics (sport, culture, entreprises, etc.) 10. Élargir à 28 jours le caractère obligatoire du congé paternité afin de favoriser dès la naissance de l’enfant le partage des tâches parentales à égalité entre les parents Santé: des droits spécifiques et protégés 11. Instituer un financement dédié à la recherche sur les spécificités à raison du sexe et du genre de la santé des femmes, à la fois en matière de prévention et de traitement 12. Rembourser intégralement toutes les contraceptions et garantir le délai d’accès de 14 semaines de grossesse pour l’IVG Culture: le matrimoine a droit de cité 13. Inscrire le matrimoine, au même titre que le patrimoine, dans les programmes scolaires et universitaires et dans l’espace public, et en particulier lors des journées européennes dites du patrimoine 14. Renforcer les dispositions légales sur la lutte contre les stéréotypes et le sexisme dans l’audiovisuel (parité des expertises dans les médias, lutte contre l’âgisme et amélioration de la représentation des femmes de plus de 50 ans, en particulier dans les fictions, présence des femmes aux heures de grande écoute) et ajouter le secteur du numérique aux compétences du CSA en ce qui concerne la représentation des femmes Sport: des jeux olympiques égalitaires pour le sport de demain 15. Faire de la France, qui va accueillir les jeux Olympiques de 2024, la vitrine d’une politique sportive promouvant l’égalité entre les femmes et les hommes en développant la mixité dans la pratique du sport, dans l’encadrement, et dans l’accès aux responsabilités pour toutes et tous Communication: l’écriture au service de la visibilité de tous·tes 16. Utiliser l’écriture égalitaire dans toutes les communications publiques pour lutter contre l’invisibilité des femmes dans le langage Finances publiques: généraliser le principe de l’égaconditionnalité et déconjugaliser notre système fiscal 17. Garantir que pas un centime d’argent public ne soit distribué sans contrepartie en matière d’égalité entre les femmes et les hommes: financement de la création, plans de relance, marchés publics, etc. 18. Réformer le système fiscal et social qui actuellement pénalise en particulier les femmes en couple à faibles ou sans revenus et les mères séparées (déconjugalisation de l’AAH, de l’ASF, réforme de l’impôt sur le revenu, etc.) La France dans le monde: mettre la diplomatie et la construction européenne au service de l’égalité des sexes 19. Inscrire le droit à l’avortement dans les droits fondamentaux de l’UE 20. Défendre la clause de l’européenne la plus favorisée 21. Augmenter le nombre et la proportion de ministères et institutions ayant décliné leur feuille de route sur la diplomatie féministe et le nombre de mesures en faveur de l’égalité et des droits des femmes adoptées dans des pays ou institutions partenaires Vie publique: garantir le partage du pouvoir entre les femmes et les hommes 22. Partager le pouvoir au sein de l’exécutif des collectivités territoriales en imposant l’élection d’un binôme paritaire à leur tête (maire et 1er ou 1ère adjoint·e, président·e et 1er ou 1ère vice-présidente)
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