Alors qu’une proposition de loi pour instaurer un arrêt menstruel sera débattue le 27 mars à l’Assemblée Nationale, des députés de divers horizons ont testé un simulateur de règles douloureuses. Le constat est unanime : ça fait mal ! S’il s’agit d’une découverte pour les hommes, les femmes le criaient déjà haut et fort…
Portée par Marie-Charlotte Garin et Sébastien Peytavie, député·es écologistes, cette proposition de loi pour instaurer un arrêt menstruel intervient peu après l’entrée de l’IVG dans la Constitution. Elle sera dans un premier temps étudiée le 27 mars en Commission puis le 4 avril en Séance à l’Assemblée Nationale.
Face au simulateur de règles
Mais avant cela, plusieurs députés hommes se sont livrés au test de la douleur grâce à un simulateur de règles. De LFI à LR en passant par le MoDem ou encore Renaissance, ils étaient tous d’accord pour dire que c’est douloureux et qu’il est difficile de travailler avec cette douleur. Louis Boyard, député LFI, reconnaît même qu’il ne pensait pas que la douleur pouvait être aussi forte avant d’ajouter : « Je suis sûr que si une majorité de députés et de sénateurs testaient cette machine cinq minutes […] je suis certain que cette proposition de loi aurait été faite depuis 30 ou 40 ans, c’est sûr ». Maxime Vinot, député LR, décrit quant à lui « l’impression d’avoir des petits coups de poignard » et, comme les autres, admet que cette expérience est intéressante «parce que ça nous permet d’imaginer, de mieux se mettre à la place des femmes » et « c’est horrible en fait ! ».
Marianne, une jeune femme atteinte d’endométriose a elle aussi fait le test du simulateur de règles, et contrairement aux députés, elle supporte la douleur sans cris, sans se plier car pour elle c’est « normal » tellement elle est habituée à celle-ci. Elle précise que le simulateur est assez fidèle mais qu’il manque encore « tout le packaging : ça tire dans le dos, dans le haut des cuisses, jusqu’aux genoux ».
Le partage sur les réseaux sociaux des vidéos montrant ces députés en train de tester le simulateur a suscité de vives réactions. Si beaucoup saluent l’expérience en espérant que cela pourra faire avancer les choses, d’autres sont plus critiques. Des femmes dénoncent principalement le fait qu’une fois de plus, croire les femmes est trop compliqué. Depuis des années elles dénoncent les douleurs incapacitantes provoquées par les règles, mais ne semblent pas entendues. Mais quand ce sont des hommes qui le disent, il semblerait que le sujet soit davantage pris au sérieux : « « Ça fait super mal en fait ! » Mais le mec, il croyait qu’on simulait ?», « Triste qu’il faille ça pour être prises en compte… encore une fois on met en doute la parole des femmes », « Sinon, juste croire les femmes, c’était pas possible ? »
Une proposition de loi qui fait débat
Autre point de discorde sur le sujet : la discrimination à l’embauche. Beaucoup d’hommes et de femmes sont opposé·es à ce congé menstruel car ils et elles le considèrent comme un frein à l’embauche : « Encore un truc qui va se retourner contre les femmes, on voit mal pourquoi un employeur embaucherait une personne potentiellement absente plusieurs jours par mois plutôt qu’un homme. » peut-on lire sur X, ou encore « On a hâte de cette loi qui va augmenter les inégalités et être un frein à l’embauche des femmes ».
Une enquête réalisée en 2022 par l’IFOP pour EVE AND CO (marque de culottes menstruelles), auprès de 993 femmes salariées âgées de 15 ans et plus, avait révélé que 66% d’entre elles étaient favorables à la mise en place d’un congé menstruel. Parmi celles qui s’opposaient à une telle mesure, l’enquête a révélé que ces dernières redoutaient « les répercussions d’une telle obligation qu’elles voient comme un frein potentiel à l’embauche des femmes et à leur évolution ».
Projet de loi pour la santé des femmes au travail
Parmi les propositions, il est tout d’abord question de la mise en place d’un arrêt de travail avec prise en charge de la sécurité sociale, sans jour de carence, pour menstruations incapacitantes. Sur une année, il serait alors possible de prendre en tout 13 jours d’arrêt menstruel. Puis, quand la situation le permet, la possibilité de télétravailler. Les député·es souhaitent également intégrer la santé menstruelle et gynécologique dans les objets de négociation collective. Aménager le poste et le temps de travail, accéder à des sanitaires adaptés et à des protections menstruelles font aussi partie des mesures à mettre en place. Enfin, favoriser les diagnostics et générer une nouvelle entrée vers un parcours de soins revêtent également une importance majeure dans le texte qui sera proposé. Pour Sébastien Peytavie « l’idée n’est pas de créer un simple congé menstruel, mais d’avoir un vrai sujet sur la santé des femmes au travail. »
Si ce projet de loi était adopté, la France deviendrait le deuxième pays européen à instaurer le congé menstruel. L’Espagne avait en effet adopté, le 16 février 2023, la mise en place d’un congé menstruel, sur présentation d’un certificat médical, pour les femmes souffrant de règles douloureuses (Lire : L’ESPAGNE DEVRAIT DEVENIR LE PREMIER PAYS EUROPÉEN À INSTAURER UN CONGÉ MENSTRUEL)
Mise à jour le 27 mars 2024 : L’article 1 de la loi qui proposait un arrêt menstruel a été rejeté ce jour.
Lire aussi dans Les Nouvelles News :
« SI LES HOMMES AVAIENT LEURS RÈGLES » : BD HUMORISTICO-FÉMINISTICO-DYSTOPIQUE
SPASFON INEFFICACE CONTRE LES RÈGLES DOULOUREUSES ? CERTAINS HOMMES DÉSAPPROUVENT…