
Jacinda Ardern en 2016. Par GregorRichardson (CC BY-SA 4.0), via Wikimedia Commons
À peine élue à la tête du Parti travailliste néo-zélandais, Jacinda Ardern, 37 ans, est interrogée sur une éventuelle grossesse.
Peut-on être Première ministre et enceinte ? La question posée à la toute nouvelle cheffe de l’opposition en Nouvelle-Zélande provoque le débat sur le sexisme dans le pays. À peine désignée, mardi 1er août, à la tête du Parti travailliste, Jacinda Ardern, 37 ans, a été interrogée à deux reprises par des journalistes sur la compatibilité d’un futur rôle de Première ministre avec d’éventuels souhaits de maternité.
« Il est totalement inacceptable en 2017 que des femmes aient à répondre à cette question dans le cadre professionnel », a rétorqué la nouvelle cheffe de l’opposition. Jackie Blue, l’une des commissaires aux Droits humains, institution officielle du pays, se faisait plus tranchante, dans une tribune publiée sur le site The SpinOff : « Il s’agit de discrimination, et c’est illégal » (comme c’est, rappelons-le, aussi le cas en France).
« Interroger Ardern sur ses projets de maternité renforce implicitement la notion sexiste qui veut que le rôle premier d’une femme soit d’être mère », souligne l’auteure Madeleine Holden, également sur The SpinOff. Cette « obsession à l’égard de la vie privée des femmes politiques », s’était également manifestée, note-t-elle, à l’égard de l’ancienne Première ministre Helen Clark : dans son cas, c’est le fait qu’elle n’avait pas d’enfant qui lui avait été souvent opposé.
« Le sexisme se porte bien en Nouvelle Zélande », déplore de son côté Sadie Beckman, du New Zealand Herald. « Le culot qu’ont certaines personnes à transformer en débat sur ses ovaires ce qui devrait être un débat sur ses capacités, son aptitude à diriger et ses orientations politiques, défie l’entendement », écrit la journaliste, tout en soulignant que l’actuel premier ministre Bill English et sa femme ont six enfants. « Je doute fortement que ce fait ait été pointé comme un frein potentiel à la capacité d’English à être Premier ministre. A moins qu’on s’attende à ce qu’il soit moins impliqué en tant que parent », conclut Sadie Beckman.
En 2012, le chef de l’opposition en Allemagne, Singmar Gabriel, avait choisi de faire une « pause politique » de 3 mois suite à la naissance de son deuxième enfant. Un an plus tôt, deux ministres hommes en Norvège s’étaient mis temporairement à l’écart du gouvernement pour prendre leur congé parental. En 2010, c’est le Premier ministre britannique David Cameron qui prenait un congé paternité de 15 jours.
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