Fleurs, parfums, dîners, lingerie… Le 14 février annonce une fête commerciale qui conforte les clichés sexistes. « Sans Valentin », « St-Galentines » , contre-soirée d’OLF… Les alternatives à une Saint-Valentin traditionnelle déjouent l’arnaque de cette fête de l’amour pour les femmes.
« Promo épilation spéciale Saint-Valentin », « Un menu acheté, un menu offert » ou encore « 15 idées de cadeaux pour elle »… voici les quelques spams qui ont inondé nos boîtes mail à l’approche du 14 février. À la manière d’un rappel annuel, ces publicités ramènent à un prétendu impératif d’être en couple pour la Saint-Valentin afin éviter le « drame » d’être seul.e.
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« Le romantisme est une arnaque »
« La Saint Valentin est la célébration du couple, plutôt hétérosexuel. Elle met en avant cette injonction sociétale » analyse Elsa Labouret, porte-parole de l’association Osez le Féminisme, avant d’ajouter : Tout est fait dans cette société pour que les personnes soient avantagées lorsqu’elles sont en couple ». À l’approche du 14 février, les marques ne lésinent pas sur les campagnes de pub, à l’instar de Pukka, une compagnie de thé, qui interpelle ainsi sa clientèle : « Une expérience sensorielle unique pour éveiller les sens, transporte ton amoureux dans un voyage gustatif exceptionnel ». Toutes ces publicités genrées et ciblées contribuent à un imaginaire qui mène à penser que le couple, unique et romantique, est l’idéal à atteindre. Des clichés qui ont la peau dure, notamment pour les femmes, qui, lorsqu’elles sont célibataires, sont considérées comme « incomplètes ».
Bouquet de roses rouges, chocolat, dîner au restaurant… les us et coutumes de la Saint-Valentin sont la quintessence des clichés sexistes et d’une célébration de l’hétérosexualité : l’homme invite, la femme se fait belle (selon les diktats de la féminité). En outre, cette « fête » diffuse une idée de la sexualité entièrement axée sur le plaisir de l’homme, souvent façonnée par la pornographie qui véhicule des violences. « Le romantisme est un nuage de fumée et il y a derrière une réalité qui est bien loin de l’image véhiculée. Le couple n’est pas libérateur pour les femmes et le romantisme est une arnaque qui vise à les enfermer dans un schéma hétérosexuel » dénonce la porte-parole d’Osez Le Féminisme. La promesse des contes de fées « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » n’est pas loin… Et occulte le travail domestique et familial qui s’ensuivra pour la femme couverte de roses le 14 février.
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Le modèle du couple hétérosexuel constitue une perte d’autonomie et de sécurité pour les femmes. Le couple, et la charge mentale qui l’accompagne (quasi) systématiquement, limite leurs opportunités, aussi bien dans leur carrière que dans leur temps libre. Pour rappel : dans la sphère domestique, les femmes s’occupent à quasi 80% des tâches ménagères (avec ou sans enfants). « Le couple hétérosexuel est le cadre le plus dangereux pour les femmes. Plus de la moitié des agressions sont commises par un conjoint. Les chiffres des violences conjugales et des féminicides le prouvent », déplore Elsa Labouret.
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Joyeuse “Sans“ Valentin
En pleine « révolution romantique », comme le théorise Victoire Tuaillon dans son podcast Le cœur sur la table, les schémas amoureux sont de plus en plus remis en question. Désormais, la Saint-Valentin est concurrencée par la « Sans Valentin », comme l’avait célébré le collectif Les Racolleuses qui avait placardé leurs collages dans toute la ville de Cahors en 2023. On pouvait alors lire des messages comme : « Garde tes roses, je veux tes droits » ou « L’amour ne tue pas ». D’autres préfèrent fêter la « Saint-Galentines ». Abréviation de la « Saint-Valentin » et de « gal » (« copine » en anglais), c’est la dernière tendance sur les réseaux sociaux. Le but ? Revaloriser les amitiés entre femmes !
C’est dans cette mouvance que le collectif Osez Le Féminisme organise une « contre-soirée anti St-Valentin » le 14 février à la Cité Audacieuse à Paris. « Notre réunion mensuelle « FeminisTalk » tombe le jour de la St-Valentin. L’occasion de l’axer sur tous les stéréotypes véhiculés par cette fête, explique Elsa Labouret, avant d’ajouter : L’idée est de proposer aux femmes de se prioriser elles-mêmes et de célébrer la sororité plutôt que les injonctions au couple et ainsi lutter contre cette dictature du couple hétérosexuel ».
Ainsi, plutôt que de perpétuer des clichés sexistes, ces initiatives d’un genre nouveau participent à la revalorisation de l’amitié et de la sororité par opposition à l’amour romantique constamment mis en avant.
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