Le bras de fer judiciaire sera encore long, mais la dernière décision de justice, favorable à la loi-anti-avortement, oblige de nombreux centres IVG à fermer immédiatement. L’État n’en compte plus que 8, contre 40 un an plus tôt.
C’est une « tragédie » qui se joue pour les femmes au Texas, commente le Centre pour les Droits Reproductifs. Une Cour d’appel fédérale a validé jeudi 2 octobre la loi anti-avortement adoptée à l’été 2013 par l’État.
Ce n’est là qu’une étape d’une procédure judiciaire entre pro- et anti- avortement, qui dure depuis plus d’un an et pourrait encore durer des mois. Mais en attendant, cette décision de justice implique que plus d’une dizaine de centres IVG au Texas doivent fermer immédiatement et cesser leur activité.
En 2013 cet État de 26 millions d’habitants comptait encore 40 centres pratiquant des IVG. Désormais il n’en restera plus que 8 en activité dans tout le Texas (le journal Texas Tribune a publié sur son site une carte interactive). « Ce qui signifie que près d’un million de femmes devront parcourir 400 miles [plus de 600 kilomètres] pour pouvoir faire valoir leur droit constitutionnel à l’avortement », écrit le Center for Reproductive Rights.
Sur le terrain politique la Démocrate Wendy Davis, qui s’était distinguée en se battant contre la loi et brigue désormais le poste de Gouverneur, met en cause son concurrent Républicain, Greg Abbott. Ce dernier, actuel procureur général de l’Etat (et largement en tête dans les sondages) soutient fermement la loi (dite HB2) : « Les femmes doivent pouvoir prendre des décisions personnelles sans l’intervention de politiciens comme Greg Abbott, qui interdirait l’avortement même en cas de viol et d’inceste », a commenté Wendy Davis.
La loi HB2 utilise l’arme des réglementations pour contraindre ces centres à fermer : elle renforce drastiquement les contraintes administratives, sous couvert de normes sanitaires. Ces derniers mois plusieurs autres États ont adopté des dispositions similaires. Depuis 2011, selon le Center for Reproductive Rights, plus de 200 textes ont été déposés dans près de 30 Etats afin de « rendre plus difficile, et parfois même impossible, l’accès à l’avortement », et cela « sous le faux prétexte de rendre l’IVG plus sûre ». Un faux prétexte car les Etats qui restreignent le plus l’avortement sont aussi ceux qui ont les pires statistiques de santé pour les femmes et les enfants, souligne le centre.