À Nîmes, une exposition féministe a été vandalisée et les œuvres recouvertes de symboles phalliques. L’artiste et la direction du centre d’art expriment leur consternation et soulignent l’importance d’une création comme celle-ci à l’heure où l’idéologie masculiniste gagne du terrain.

L’art est fait pour susciter des réactions. Mais l’exposition féministe « Benzine Cyprine » créé par la photographe Kamille Lévêque-Jégo ne devait pas susciter de telles violences. Dans la nuit du 25 au 26 avril, le Centre d’art et de photographie NegPos de Nîmes (Gard) a été saccagé.
« Célébrer une féminité flamboyante »
Des tags recouvrent les photographies, les porte-photos ont été balancés par terre et des phallus ont été peints en grand sur les murs de la galerie. « C’est une action lâche, une opposition claire au contenu de cette exposition », dénonce le président de l’établissement Patrice Loubon auprès du journal Libération.
L’inauguration avait eu lieu trois semaines auparavant, le 11 avril 2025. Pour cette exposition, la photographe Kamille Lévêque-Jégo a mis au point une histoire imaginaire à partir de mises en scènes photographiques de femmes puissantes et combatives, « un gang de filles qui s’oppose aux violences faites aux femmes », détaille le site internet du Centre d’art. Le président qualifie le travail de Kamille Lévêque-Jégo de « militant » et « engagé » et son œuvre incarne selon lui « une sorte de virilité féminine ». Le but ? Créer de nouveaux modèles féminins. « J’utilise la fiction pour parler de choses réelles. Le but de cette exposition est de célébrer une féminité flamboyante, redoutable », détaille l’artiste, citée par le journal Le Monde. Patrice Loubon y voit un invitation à la sororité : « Ensemble, elles peuvent répondre fermement aux hommes et à leur violence », rapporte Libération.

L’art féministe dérange les masculinistes
Sur les 40 photos exposées, plus d’une trentaine ont été endommagées évalue le président de l’établissement. Kamille Lévêque-Jégo se dit « navrée et atterrée » de ces dégradations : « J’y vois une attaque directe envers le féminisme. Ce qui a créé et motivé cette agressivité, c’est la façon dont les femmes sont représentées ». Étrangement, l’acte de vandalisme survenu dans la nuit du 25 au 26 avril illustre parfaitement le propos de l’exposition. « Ce genre de comportement agressif est systématique. Il est permanent. Que ce soit dans le débat, sur les réseaux sociaux, on est directement confrontée à ça en tant que femme, déplore la photographe auprès d’Ici Gard Lozère. Je ne suis pas vraiment étonnée, en même temps je suis consternée de cette médiocrité, parce que justement il est important qu’on en parle. Voilà telle qu’est reçue la féminité, comme j’ai voulu le montrer dans cette exposition. »
Dès son inauguration, l’exposition Benzine Cyprine a été la cible d’actes d’intimidation. Une semaine après le vernissage un début d’incendie s’est déclenché, puis le lendemain une première effraction, avec une porte défoncée et des tirages piétinés. Patrice Loubon partage sa consternation dans le journal Le Monde : « Nous défendons des artistes, cela peut parfois être provocateur, mais certaines publicités dans la rue sont bien plus agressives que nous. Il est inquiétant de voir comment certaines idées masculinistes trouvent un écho dans la société d’aujourd’hui ». Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Centre d’art et de photographie NegPos de Nîmes est victime d’attaques. En 2024, l’exposition Sexe et sorcellerie conçue par l’artiste Fatima Mazmouz « avait été ouvertement insultée ».
Si le Centre d’art tente tant bien que mal de rebâtir l’exposition, l’ouverture d’une enquête est prévue le 6 mai après que Patrice Loubon a porté plainte, notamment pour outrage sexiste.
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