Les noms de deux professionnels auteurs de violences sexuelles ont été médiatisés en début de Festival. Les femmes qui prennent la parole sont entendues à Cannes, mais doivent parfois quitter leur métier dans le cinéma.
Il y a un mois, la commission de l’assemblée Nationale sur les VHSS (Violences et Harcèlements Sexistes et Sexuels) dans le monde du cinéma rendait son rapport après 85 auditions. Sa conclusion : les violences commises dans le secteur culturel sont « systémiques, endémiques et persistantes« . Au festival de Cannes, deux professionnels ont été tout récemment mis en cause : l’acteur d’un rôle secondaire dans le film de Dominik Moll présenté en compétition jeudi 15 mai n’a pas fait le voyage à Cannes. Selon Télérama, Théo Navarro-Mussy est visé par une plainte de trois anciennes compagnes pour « viols, violences physiques et morales ». Ce même jeudi 15 mai, lors d’une table ronde organisé par le CNC sur le thème « VHSS quelles prochaines étapes dans le cinéma après 5 ans d’actions ? » une femme a pris la parole pour dénoncer la lenteur de la justice après sa plainte pour viol contre le vice-président de l’Acid, une association de cinéastes. Il a aussitôt été « mis en retrait » du festival. Cette courageuse jeune femme a repris la parole le lendemain, lors d’une deuxième rencontre organisée justement par l’Acid, aux côtés des associations Lab des Femmes de Cinéma, MeTooMedia, Respect, entre autres.

Lors de cette rencontre dans un petit café cannois bondé, associations et syndicats ont souligné tout ce qu’il reste à faire : davantage de formations notamment auprès des étudiants dans les écoles, davantage d’attention au moment de la promotion des films (notamment des tournées en province pendant lesquels certains cinéastes peuvent profiter de leur emprise), une politique de prévention des risques liés à l’alcool et à la drogue pendant les festivals et les tournages. Dernier (gros) souci dont on commence à mesurer l’ampleur : les femmes qui portent plainte contre des agresseurs sont souvent exclues du monde du cinéma. Ainsi d’Amélie, décoratrice de 54 ans, une des deux femmes qui ont accusé Gérard Depardieu, aujourd’hui condamnée à changer de métier ou à pointer au chômage…