Les footballeuses américaines passent au niveau supérieur. Après une plainte pour discrimination salariale, elles menacent de boycotter les JO de Rio si elles n’obtiennent pas l’égalité. Elles ont reçu le soutien d’Hillary Clinton et Barack Obama.
Les footballeuses américaines font monter la pression. Le 31 mars dernier, cinq des championnes du monde dont Carli Lloyd, élue meilleure joueuse 2015, déposaient une plainte fédérale pour discrimination salariale contre l’organisme régissant ce sport aux USA, US Soccer.
Cinq stars qui assuraient parler au nom de toutes et qui lançaient le mot clé #EqualPlayEqualPay sur Twitter : à jeu égal, salaire égal.
Mardi 12 avril elles sont passées au stade supérieur et ont menacé de boycotter les Jeux olympiques de Rio si elles n’obtenaient pas satisfaction. « C’est une question d’actualité », a déclaré Becky Sauerbrunn, co-capitaine, à EspnW. « Nous nous réservons le droit de le faire, toutes les options sont ouvertes. Si rien n’a changé, si nous sentons qu’il n’y a eu aucun progrès, c’est une conversation qu’on devrait avoir. »
Les footballeuses, au palmarès impressionnant, contrairement à l’équipe masculine, recevraient en moyenne 40% de moins que les hommes en salaires et primes de la part de la fédération. Un joueur américain gagnerait au moins 6 000 $ pour un match amical et jusqu’à plus de 17 000 $ pour une victoire contre un adversaire mieux classé. Chez les femmes les sommes ne dépassent pas les 5 000 $. Et ce traitement différencié se retrouve aussi dans les déplacements, les voyages, les vols, les hôtels… les joueuses seraient d’office sous-classées par rapport aux hommes.
« Le résultat du boycott, je l’espère, sera un salaire égal pour un jeu égal », a ajouté Becky Sauerbrunn. Et si la plainte n’aboutit pas ? « Espérons également qu’à partir de là, d’autres personnes pourront mettre suffisamment de pression sur US Soccer. »
Soutiens de Barack Obama et Hillary Clinton
Et justement, les footballeuses américaines ont reçu au moins deux soutiens de poids à l’occasion de la Journée nationale pour l’égalité salariale aux Etats-Unis, mardi 12 avril. Lors d’une table ronde organisée pour l’occasion, Hillary Clinton, la candidate à la primaire démocrate, a mis en valeur l’excellent palmarès de l’équipe féminine – notamment championne du monde et olympique en titre –, indique The Wall Street Journal.
« Nous avons remarqué que l’équipe de nos hommes n’a pas encore fait cela », a déclaré Hillary Clinton, assise aux côtés de Megan Rapinoe, milieu de terrain, une des 5 joueuses qui a porté plainte pour discrimination salariale. « Et pourtant, les hommes gagnent des centaines de milliers de dollars de plus que les femmes », a-t-elle ajouté. Plus largement, Hillary Clinton a demandé au Congrès de voter une loi visant à « protéger les femmes » des discriminations salariales.
Soutien officieux également du président Barack Obama. « L’égalité de rémunération pour un travail égal devrait être un principe fondamental de notre économie », a-t-il déclaré dans son discours de commémoration à la Journée de l’égalité salariale. « L’idée c’est que, si vous êtes un professeur de lycée, un dirigeant d’entreprise, un joueur de football ou un joueur de tennis professionnel, votre travail devrait être valorisé et récompensé, que vous soyez un homme ou une femme. C’est un idéal simple. C’est un principe simple. Nous ne voulons pas que certains de nos meilleurs joueurs restent sur le banc de touche. »
Bien que Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, ait précisé que les propos du président ne concernaient pas précisément la plainte des joueuses, il a indiqué que Barack Obama avait « accordé une attention » à ces inégalités. « Je pense qu’il a reconnu la disparité salariale qu’il existe dans une variété de professions, y compris en ce qui concerne les joueuses de football, les meilleures au monde. »
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