Devant un parterre de militants de la « Manif pour tous », Marion Maréchal-Le Pen, tête de liste FN en PACA, en pôle position dans les sondages, a annoncé qu’elle couperait les subventions des Plannings familiaux et associations LGBT en cas de victoire.
Contrairement à sa tante ou son grand-père, Marion Maréchal-Le Pen ne boude pas La Manif Pour Tous (LMPT). Présente à toutes les manifestations contre le mariage pour tous en 2013, la tête de liste FN en région PACA séduit les catholiques traditionnalistes. Dans cette optique, elle a accepté l’invitation de LMPT à Marseille le 13 novembre dernier. Le but : évoquer sa vision de la famille et ses projets pour la région. Invitation qu’a refusée Christophe Castaner, PS-PRG-MRC. Quant à Christian Estrosi, LR, il était aux abonnés absents.
Une démarche cohérente donc pour cette députée donnée gagnante dans sa région, qui a su charmer les quelques 300 spectateurs de LMPT venus l’écouter. Si elle est élue, Marion Maréchal-Le Pen entend bien modifier l’attribution des subventions régionales.
« Il y a des subventions qui, moi, me choquent, particulièrement en période de crise dans une région qui a un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale. » Dans son viseur les Plannings familiaux et les associations LGBT. « Des associations très politisées », juge-t-elle, « il n’est pas question de leur verser un sou ».
Dans son argumentaire, la candidate accuse les plannings familiaux de « véhiculer une banalisation de l’avortement aujourd’hui (…). Et je vais aller plus loin, je pense que c’est le tabou absolu en France, bien au-dessus de l’immigration ». Et d’évoquer des « taux assez inquiétants » d’IVG dans sa région. Mais attention, la députée FN l’affirme : elle n’est pas pour l’interdiction de l’avortement mais pour « une responsabilisation des femmes ».
« Là où se trompe le Front National, c’est que si on ne finance plus nos actions, on va arriver à une augmentation du nombre d’avortements »
Dans les Plannings familiaux de la région PACA, c’est l’indignation. « Au contraire, on ne banalise pas l’avortement, on mène des actions de prévention. Le but étant d’éviter à des femmes d’arriver à cet ultimatum », explique Diane Lindeckert, directrice du Planning familial du Vaucluse.
Dans sa structure, les subventions représentent 17 000 euros : « On n’est pas sur des gros financements mais ça nous amputerait d’une partie de notre trésorerie et ça réduirait nos actions de prévention. » En somme, c’est un cercle vicieux. Moins de subventions, moins de préventions, plus d’avortements. « Ça n’a aucun sens ! Ce que finance la région, ce sont des actions de préventions. Là où se trompe le Front National, c’est que si on ne finance plus nos actions, on va arriver à une augmentation du nombre d’avortements et on va aggraver le trou de la Sécurité sociale », estime Diane Lindeckert. Ironie donc pour Marion Maréchal-Le Pen dont le but est justement de réduire les dépenses et les IVG dans sa région. « C’est un non sens absolu », insiste la directrice.
Un non sens qui ne s’arrête pas là. La députée qui évoque « 200 000 euros de subventions », compte donc couper les aides de la région. Le planning familial de Marseille serait à cet égard le plus touché selon Diane Lindeckert. Précurseur, il fait partie des villes qui ont mis en place, depuis une quinzaine d’années, un numéro vert pour améliorer l’accès à l’IVG. Mais c’était sans compter la loi Santé de Marisol Touraine qui a déployé ce numéro, en le nationalisant fin septembre 2015. « Il faudra qu’elle se mette en porte-à-faux avec la politique nationale si elle veut couper les financements. Ou alors elle n’a pas compris comment cela fonctionnait », ironise Diane Lindeckert.
En attendant, « cela nous pose un problème éthique, un problème politique, mais cela ne nous empêchera pas de continuer de fonctionner » ajoute-t-elle. Des mesures contraignantes qui limiteront tout de même les actions – nécessaires – des Plannings familiaux.
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