Pour la neuvième édition de la date symbolisant l’écart de salaire entre femmes et hommes, les Glorieuses s’attaquent à toutes les entraves à l’accès à la richesse pour les femmes.
Le compte à rebours est terminé. Selon les calculs réalisés par la newsletter féministe Les Glorieuses pour la 9ème année consécutive, ce lundi 10 novembre à 11h31, les femmes, en France cessent symboliquement d’être rémunérées pour le reste de l’année 2025.
Trou béant dans la paie
Le calcul repose sur la moyenne d’écart salarial entre femmes et hommes. En 2025, l’écart est de 14,2 % à temps plein dans les entreprises de plus de dix salarié·es selon les chiffres de l’INSEE. Autrement dit : si les femmes et les hommes gagnaient autant, les femmes devraient s’arrêter de travailler à cette date précise.
« Cela signifie que, symboliquement, à partir du 10 novembre à 11h31, les femmes cessent d’être payées pour le reste de l’année » explique le mouvement.
Une micro-avancée… en trompe-l’œil
Certes, la date recule de deux jours par rapport à l’année précédente (elle était fixée au 8 novembre à 15h48), mais la fondatrice des Glorieuses, Rebecca Amsellem, tempère : cette légère « amélioration » est en grande partie due à des facteurs calendaires (l’année dernière était bissextile et le calcul ne prend en compte que les jours ouvrés).
« En fait, ça stagne sans avancées majeures. Depuis 2016, l’échéance oscille invariablement entre le 3 et le 10 novembre », souligne-elle.
Epargne, patrimoine, retraite…
Pour documenter davantage encore le sujet et étoffer les revendications répétées d’année en année, Les Glorieuses ont écrit un rapport cette année : « #10Novembre11h31 : Ce que valent les femmes »
Ce travail s’intéresse non seulement à l’écart salarial mais aussi à la répartition des richesses entre femmes et hommes : accès à l’épargne, au patrimoine, à la retraite, à la transmission. Car les écarts de salaire qui se répercutent sur des écarts de retraites de 40%, « ne représentent qu’une partie du problème ».
Côté patrimoine, selon les données issues du Global Gender Wealth Equity Report (UBS, 2024) précise le rapport, les hommes détiennent 105 000 milliards de dollars –105 trillions US – de richesse de plus que les femmes à l’échelle mondiale. Les femmes possèdent 40 % des richesses aux États-Unis et en Europe, et 20 % en Afrique et en Inde.
12 années de travail gratuit
Au-delà des écarts de salaires, les inégalités économiques se jouent aussi dans le temps de travail gratuit : sur une vie active, les femmes consacrent 16 années aux tâches domestiques et parentales non rémunérées, contre 4 années pour les hommes – soit 12 années de travail gratuit en plus.
Ce déséquilibre a des effets en cascade : moindres revenus, moindre épargne, moindre patrimoine, et une dépendance financière accrue.
« L’égalité ne se mesure pas seulement sur la fiche de paie, mais dans la capacité à bâtir et conserver sa propre richesse », rappellent les autrices du rapport.
Le rapport avance plusieurs pistes d’action :
- Conditionner les financements publics à l’égalité salariale
— Aucun marché public, aucune subvention sans preuve d’égalité réelle. - Revaloriser les métiers « féminisés » du soin, de l’éducation et du lien
— Recalculer les grilles salariales selon la pénibilité, la responsabilité et les compétences, pas selon des biais genrés. - Instaurer un congé parental égal et obligatoire pour les deux parents
— Pour que la naissance d’un enfant n’entraîne pas automatiquement un recul de carrière pour les mères. - Favoriser l’égalité patrimoniale dans les couples
— Encourager les couples à répartir dépenses et épargne de façon équitable, et à réfléchir à la co-propriété des biens. - Reconnaître et soutenir les aidant·es
— Mettre en place dans les entreprises des dispositifs concrets pour compenser les temps d’aidance (congés, points retraite, souplesse). - Former et accompagner les femmes à l’investissement et à l’entrepreneuriat
— Multiplier les « business showers » et programmes de mentoring pour soutenir la création de richesse féminine. - Mesurer, publier, agir
— Imposer la transparence sur les écarts de richesse et de patrimoine selon le genre ; faire de l’égalité économique un indicateur public clé.

